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26 POLYEUCTE

a cru qu'elle était postérieure de trois ans a la représentation de la pièce, qu'on plaçai! à la fln de 1640. Mais une lettre latine de Claude Sarrau, conseiller aa Parlement, à Corneille a mo- difié sur ce point les idées reçues. Sarrau y parle en effet, de trois chefs-d'œuvre déjà connus et applaudis {le Cid, Horace, Cinna) et d'un drame sacré que Corneille se prépare à y ajouter: « Ut valets tu cum luis Musis scire imprimis desidero et lUrum tribus eximiîs et divinis luis dranialis quarlum ad- iungere medileris... Inaudivi nescio quid de idiquo tuo poemate sacro, qiiod an affectum aniperfectum sit, quwso, re^cribe. » Or, cette lettre est datée du 12 décembre 1642; par suite, c'est au début de 1643 qu'il faut reporter la représentation de Polyeucle. 11 est donc au moins douteux qu'on doive au succès de Pobjeucle l'arrêt du 16 avril 1641, ([ui réhabilite la profession de comédien. Il est douteux aussi que Richelieu ait pu manifester sa désapprobation des injures proférées par Stralonice contre les chrétiens, car le grand ministre était mort le 4 décembre 1642. L'abbé d'Aubig'nac fit de son mieux plus tard pour remplacer le cardinal ; il critiqua vertueuse- ment l'aveu de Pauline à Sévère, et le mélanjie équivoque de la galanterie au christianisme ; mais il était contraint d'avouer que ce mélanj^e ne déplaisait pas au public, a C'est un de ces beaux endroits de Corneille qui pèchent contre le jugement et qui n'ont pas laissé de ravir ceux qui se laissent abuser aux faux brillants ^ k

C'est précisément cette alliance loule nouvelle de la passion mondaine et de la foi religieuse qui fut la piincipale cause contemporaine du succès de Polyeucle. Cette tragédie où l'amour tient tant de place, mais qui se terminera par un martyre, s'ouvre par un débat sur la grâce dont Néarque, ce docteur du christianisme persécuté, expose la pure doctrine. On sait que les questions relatives à la grâce étaient à l'ordre du jour. La giande querelle qui devait mettre aux prises jan- sénistes et jésuites et donner naissance aux Provinciales, n'était pas encore commencée; mais l'apparition récente de VAugus- tinus de Jansénius et la captivité de son disciple Saint-Cyran y avaient préludé; Rome s'apprêtait à condamner les cmq fameuses propositions. Il est évident que Corneille prenait intérêt à ces disputes Ihéologiques, car, dans Horace, il avait déjà prêté à Sabine ce langage inattendu : ^

Quand la faveur du ciel ouvre à demi ses bras^ Qui ne s'en promet rien ne la mérite pas;

M. Picot ne cite pas moins de cinquante et une éditions particuUerM dfl Polyeucle postérieures à la mort de Coraeille. I. Pratique du théâtre, ■wi.

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