Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/391

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INTRODUCTION 2T

Il empêche souvent qu'elle ne se déploie, Et, lorsqu'elle descend, son refus la renvoie ».

Cette fois il donne de cette grâce mystérieuse, en un seul rers, la déQnition la plus nette :

Elle est un don du ciel et non de la raison *.

C'est même parce que la grâce est un don gratuit de Dieu et que nous n'avons pas besoin de la mériter pour l'obtenir, que la conversion de Félix, discutable au point de vue dra- matique et humain, ne Test pas au point de vue religieux. Est-ce à dire pourtant que Sainte-Beuve ait raison d'écrire : « Il ne serait pas malaisé de soutenir celle thèse : Corneille est de Port-Royal par Polyencte^? » Le pénétrant critique a été, ce nous semble, égaré par l'ambition de tout ramener à ses chers jansénistes, de tout expliquer par les événements petits ou grands dont Porl-Royal a été le théâtre. Élève des jésuites. Corneille resta toujours leur ami, et ils restèrent les amis de Corneille, tandis que les jansénistes, peu favorables en général au développement de la poésie dramatique, ne prirent pas toujours soin de le ménager : Nicole ne l'épargne pas dans son Trailé de la comédie, et c'est à ses critiques que Corneille semble répondre dans la préface de Théodore. Autre chose est de s'intéresser à une question qui passionna les esprits et d'en tirer un élément d'intérêt actuel, autre chose de prendre parti dans la querelle. Il y a plus : longtemps après, en i6o9, quand, après une retraite de sept années, Corneille fui ramené au théâtre par Fouquet, au lendemain même des Provinciales, Corneille prit parti ouvertement, et ce fut contre les jansénistes. 11 tenait sans doute beaucoup à se prononcer, car c'est dans la bouche de Thésée qu'il met cette réfutation des doctrines de la grâce « efficace », cette apologie de la grâce « suffisante », que défendaient lei jésuites :

Quoi ! la nécessité des vertus et des rices D'uQ astre impérieux doit suivre les caprices, Et Dflphes, malgré nous, conduit nos actions Au plus bizarre elTet de ses prédictions? L'âme est donc tout esclave : une loi souveraine Vers le bien ou le mal incessamment l'entraîae;

��i. Horace, v, S57-60. % Polyeucle, t, 1554 8. Port-Roj/al, I, 8-

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