78 POLYEUCTE
k qui Décîe enfin, pour des exploits si beaux,
Fit si pompeusement iresser de vains tombeaux? 180
PAULINE.
Hélas ! c'était lui-mêoie, et jamais notre Rome
N'a produit plus grand cœur, ni vu plus honnête homme.
Puisque tu le connais, je ne t'en dirai rien.
Je l'aimai, Stratonice, il le méritait bien.
Mais que sert le mérite ofi manque la fortune ? 18o
L'un était grand en lui. l'autre faible et commune;
Trop invincible obstacle, et dont trop rarement
Triomphe auprès d'un père un vertueux amant!
STRATONICE.
La digne occasion d'une rare constance!
PAULINE. %
Dis plutôt d'une indigne et folle résistance. i90
Quelque fruit qu'une fille en puisse recueillir, Ce n'est une vertu que pour qui veut faillir.
Parmi ce grand amour que j'avais pour Sévère, J'attendais un époux de la main de mon père,
182. Un honnête homme, aa xvii» siede, se disait de relui qui avait toutes le» qualités propres à se rendre aimable dans la société. Dans ses Maximes, La Rochefoupauld le définit ainsi : « Le vrai honnête homme est celui qui no se pique de rien, » c'est-à-dire qui est éloigné de tonte alTectalioii. l'aret, l'ami de Saint-Amant, à qui son nom, rimant trop facilement avec cabaret, a fait une réputation injuste de buveur, et qui est un des prosateurs les premiers en date du xvn" siècle, a écrit un livre excellent, intitulé l'Honnête Homme , ou l'A ri de plaire à la cour (1630). Honnête homme a fini par désigner, non pas l'homme bien élevé, le galant homme, mais l'homme bien né. ici, on entendrait plutôt l'expression dans le sens d'homme d'honneur.
180. « Stratonice pourrait parler ainsi avant le mariage, mais non après. » (Voi-
TÀIBE.)
191. « Le fruit recueilli par une fille ne présente pas un sens clair ; et si par ce fruit Pauline entend la possession d'un amant, ce discours paraît peu con- venable à une nouvelle mariée. Racine a employé cette expression dans Phèdre.
Hélas ! (lu crime affreux dont la hnnte me fait
Jamais mon triste eœar n'a recueilli le fruit.
i< Mais cela veut dire : Je n'ai jamais goûté de douceur dans ma passion crimi- nelle." (Voltaire.) « Les vers de Racine disent peut-être un peu trop; Pauline ne dit que ce qu'elle doit dire, mais Corneille aurait pu l'exprimer plus heureuse- ment. » (Palissot.)
103. « Parmi ce grand amour est un solécisme ; parmi demande toujours un pluriel ou un nom collectif. » (Voltaihe.) « On peut condamner une locution pour deux raisons : d'abord pour l'usage; mais l'usage et les meilleures autorités sont en faveur de parmi en cet emploi , puis pour le sens propre du mot; mais le sen? propre est justement celui que d'Olivctet Voltaire ont rpjeté. » (M. Littré.) En effet, parmi revient à par le milieu, per médium. Il y a au xvu» siècle d'in- nombrables exemples de parmi employé avec un substantif singulier. Corneille, qui avait dit déjà ; parmi l'air (Alêlite, I3CG), parmi votre entretien (Suivante, 1660), écrira bientôt :
Pren'Ks-y garde, César, ou ton sanpt répanda
Bientôt /larm) le lien «e yen'a confonila. (Pompée, tV60.)
�� �