ACTE III, SCÈNE II IM
PAULINE.
îl est ce que tu dis, s'il embrasse leur foi; Mais il est mon époux, et tu parles à moi.
STRATONICE.
Ne considérez plus que le Dieu qu'il adore.
PAULINE .
le l'aimai par devoir; ce devoir dure encore. 790
STRATONICE.
Il vous donne à présent sujet de le haïr :
Qui trahit tous nos dieux aurait pu vous trahir.
PAULINE.
Je l'aimerais encor, quand il m'aurait trahie;
Et si de tant d'amour tu peux être ébahie,
Apprends que mon devoir ne dépend point du sien : 793
Qu'il y manque, s'il veut; je dois faire le mien.
Quoi! s'il aimait ailleurs, serais-je dispensée
A suivre, à son exemple, une ardeur insensée?
Quelque chrétien qu'il soit, je n'en ai point d'horreur;
Je chéris sa personne, et je hais son erreur. 800
Mais quel ressentiment en témoigne mon père?
STRATONICE.
Une secrète rage, un excès de colère,
788. « La tournure varier à moi, à lui, à vous, employée, dit M. Chassang {Grammaire, p. 266), quand on veut insister davantage sur l'idée delà personne, pour me parler, lui parler, vous parler, est critiquée par Voltaire ; c'était une des plus usitées de l'ancienne langue française, on s'en servait plus fréquemment au ivii" siècle qu'aujourd'hui. »
Avez-vous onblié que voas parlez à moi? (Bodogune, 1285.) Monsieur, un homme est là qai vent parler â vous. {Femmes savantes, in, 3.) 794. u Ebahie ne s'emploie que dans le bas comique. >> (Voltaire.) M. Marty- Laveaux répond : Il est vrai que maintenant ce mot est du style familier, mais il n'en était pas ainsi du temps de Corneille. Quand Saint-Amant, dans son Moïse sauvé, décrit pompeusement la retraite des Israélites à travers la mer Rouge^ et
Met pour les voir passer les poissons aux fenêtres,
il traduit ce vers du Moses viator du P. Ant. Nillien ;
Hic inde attoniti liqnido stant marmoi e oisces par :
Les poissons ébahis les regardent passer.
797. S'il aimait ailleurs, tour fréquent au xvn" siècle, pour : s'il en aimait une autre. — « Dispensée à n'est pas français. Elle veut dire : serais-je autorisée à? • (Voltaire.) Elle le veut dire et elle le dit : dispenser à signifiait alors autoriser à; par suite, se dispenser à une chose, c'est se la permettre. Serais-je dispensée à suivre, pourrais-je me permettre de, aurais-je le droit de suivre. Ce n'est même pas un idiotisme : M. Littré, qui constate que le tour a vieilli, cite de« exemples- caractéristiques de Molière (Dépit amoureux, II, 1) et de Bayle; il aurait pu en citer de très nombreux empruntés aux tragiques contemporains et parlicuiière- ment à Rotrou. On verra un nouvel exemple de cette locution à la variante du ». 1101.
801. Ressentiment avait alors un sens beaucoup plus étendu et s'appliquait à
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