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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/536

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na POLYEUCTE

ALBIN.

"Votre ardeur vous séduit ; mais quoi qu'elle vous die,

Quand vous la sentirez une fois refroidie,

Quand vous verrez Pauline, et que son désespoir

Par ses pleurs et ses cris saura vous émouvoir... 17i0

FÉLIX.

Tu me fais souvenir qu'elle a suivi ce traître,

Et que ce désespoir qu'elle fera paraître

De mes commandements pourra troubler l'effet :

Va donc y donner ordre et voir ce qu elle fait;

Romps ce que ses douleurs y donneraient d'obstacle ; 1715

Tire-la, si tu peux, de ce triste spectacle ;

Tâche à la consoler. Va donc; qui te retient? ^

ALBIN.

Il n'en est pas besoin, Seigneur, elle revient.

��SCENE V

FÉLIX, PAULINE, ALBIN. PAULINE.

Père barbare, achève, achève ton ouvrage :

Cette seconde hostie est digne de ta rage; 1720

Joins ta fille à ton gendre ; ose : que tardes-tu?

Tu vois le même crime, ou la même vertu :

1707. Die, ancien subjonctif, pour dwe, n'est point une licence pTétique;on ea trouve de très nombreux exemples cliez tous les tragiques. Corneille n'a jamais cherché à faire disparaître cette forme archaïque, que, plus tard, son frère Thomas corrigea partout où il le put. Vaugelas ne la proscrit pas, et M. Liltré croit qu'ainsi autorisée elle peut encore être conservée dans la poésie.

Ma sonur, qaeje vous die une bonne nouvelle. (Tlorace. 831.) Elle vaut bien un trône, il faut (|ue je le die. (Rodomine. 135.) Permettez que tout haut je le die et redie. {Psyché, lluo.)

1715. Sur les emplois très variés du verbe rompre voyez la note du v. 56. 1717. Sur tâcher à voyez la note du v. 16. 1720. Hostie, victime, hostia.

Le funeste sncpps de leurs armes impies

De tous les eombatlants a-t-il fait îles hosties? {Horace. 768.)

Du céleste courroux tous furent les hosties. {h.K Fontaine. Philêmon et Bmicis.)

Frappons ; voilà Vliostie, et l'occasion presse. (Cyrano, Agrippine. IV, 4.)

Ce dernier vers, s'il faut en croire La Monnoye, indigna fort de pieux et naïfs auditeurs, qui se levèrent en tumulte et s'écrièrent : « Oh ! le méchant ! oh l'athée ! comme il parle du saint Sacrement ! il veut tuer Notre-Seigncur ! » Celte anecdote, probablement arrangée, prouverait deux choses : d'abord que Cyrano avait la réputation d'un libre penseur, comme on dirait aujourd'hui; ensuite que l'emploi figuré du mot hostie n'était déjà plus fréquent, puisqu'oo k pu s'y méprendre à ce point.

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