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Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/137

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ACTE III, SCÈNE III 121

Et surtout pensez bien au choix de vos victimei. Allez y donner ordre, et me laissez ici Entretenir les miens sur quelque autre souci.

��SCÈNE III CÉSAR, ANTOINE, LÉPIDE.

CÉSAR.

Antoine, avez-vous vu cette reine adorable? 943

ANTOINE.

Oui, Seigneur, je l'ai vue : elle est incomparable;

Le ciel n'a point encor, par de si doux accords,

Uni tant de vertus aux j^râces d'un beau corps.

Une majesté douce épand sur son visage

De quoi s'assujettir le plus noble courage : 950

Ses yeux savent ravir, son discours sait charmer;

Et si j'étais César, je la voudrais aimer.

CÉSAR.

Comme a-t-elle reçu les offres de ma flamme?

942. Dans la pensée de César, ces Tictimes doivent être les assassins de Pom- pée, Photin et Arhillas.

945. Après avoir parlé en véritable héros, César ne parle plus ici qu'en héros de roman, et Marc-Antoine n'est plus que le confident vulgaire d'un Araadis ou d'un Céladon En toute autre situation, de pareils vers feraient sourire; placés entre deux scènes admirables, ils semblent plus risibles encore. Dans ses Remar- ques sur la PoÉtigut' d'Horace, Dacier critique vivement la froideur et la fans- seté historique de cette scène.

947. Par de si doux accords , par une si douce union, par une si parfaite nar. monie des vertus et des grâces. Corneille a écrit plus tard, par une rémi;<isc«DC* ▼isible de ce passage :

J'épouse une princesse en qui les doux accords

Des priées de l'esprit avec celles du corps

Foi ment le plus brillant et plus noble assemblage

Qui puisse orner une âme et jjarer un visage. {Suréna, 367.)

949. Epandre s'employait alors plus communément qu'aujourd'hui pour répandre, car nous ne croyons pas, avec M. Littré, (\\\épandre indique, dans l'action, une sorte d'ordre et d'arrangement qui n'est pas dans répandre, puisque Corneille écrit souvent épandre le. sang, mais en certains cas epandre exprime une idée d'heui'euse abondance qu'on retrouve, par exemple, dana le vers où La Fontaine définit la conversation des honnêtes gens :

C'est un parterre où Flore épand ses biens {Fables, ï, 1).

^50. Aux V. 513 et 558, on a déjà vu courage employé pour cœur.

952. L'édition Régnier rapproche de ces vers ceux de la Suite du Menteur, ou une soubrette — c'est la condamnation du langage d'Antoine — dit à sa maî- tresse, en parlant de Dorante: « Je voudrais l'aimer si j'étais demoiselle » (392).

953 Vaugelas condaronait expressément comme, interrogatif, pour comment :

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