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INTRODUCTION

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ALARCON ET CORNEILLE.

��Dans la préface de la première édition du Menteur^, Cor- neille écrivait : « Je nie suis laissé conduire au fameux Lope de Vega ; ceci n'est qu'une' copie d'un excellent original qu'il a mis au jour sous le nom de la Sospechûsa Verdad. Que l'on fasse passer ceci pour un larcin ou pour un emprunt, je m'en suis trouvé si bien que je n'ai pas envie que ce soit le dernier que je ferai aux Espagnols. » Mais, plus tard, dans son Examen (1660), il rectifiait l'erreur de sa préface : « On l'a attribué au fameux Lope de Vega ; mais il m'est tombé depuis peu entre les mains un volume de don Juan d'Alarcon, où il prétend que cette comédie est à lui, et se plaint des impri- meurs qui l'ont fait courir sous le nom d'un autre. Si c'est son bien, je n'empêche pas qu'il ne s'en ressaisisse. »

L'erreur était facile à commettre, presque inévitable, s'il est vrai que Corneille ait lu la Verdad sospechosa {la Vérité rendue suspecte) dans un volume où cette pièce était confondue avec une douzaine d'autres pièces de Lope de Vega ^. Com- ment l'infatigable Lope, assez riche de son propre fonds, lais- sait-il se glisser dans la foule compacte de ses œuvres une comédie qui ne lui appartenait pas? Qu'on ne dise pas, avec M. Marty-Laveaux 3, que Lope, vieilli et confiné dans la dévo- tion, ne devait plus guère se soucier des choses de ce monde, car les récentes révélations de la Barrera nous ont appri§ combien peu respectable fut cette vieillesse, et combien peu sincère cette piété, si austère en apparence. L'excuse du Cor- neille, ou plutôt du Hardy espagnol, c'est qu'il a bien pu, entre tant d'improvisations heureuses, dont il ne devait garr

1. Le Menteur, comédie, à Paris, chez Antoine de Sommaville, M. DC. XLIV. Avec privilège du roi ; in-4<'. 2- Tome XXII des œuvres de Lope de Vega. Saragosse, 1630. 3, Notice <^u Menteur dans l'éditon Régnier.

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