ACTE V, SCÈNE IV Î49
Aujourd'hui que mes yeux l'ont mieux examinée, De mon premier amour j'ai l'àme un peu gênée : Mon cœur entre les deux est presque partagé, Et celle-ci l'aurait, s'il n'était engagé.
CLITON.
Mais pourquoi donc montrer une flamme si grande, 162S
Et porter votre père à faire une demande?
DORANTE.
Il ne m'aurait pas cru, si je ne l'avais fait.
CLITON.
Quoi! même en disant vrai, vous mentiez en effet?
DORANTE.
C'était le seul moyen d'apaiser sa colère.
Que maudit soit quiconque a détrompé mon père! 1630
Avec ce faux hymen j'aurais eu le loisir
De consulter mon cœur, et je pourrais choisir.
CLITON.
Mais sa compagne enfin n'est autre que Clarice.
DORANTE.
Je me suis donc rendu moi-même un bon office.
Oh! qu'AIcippe est heureux, et que je suis confus! lôSS
Mais Alcippe, après tout, n'aura que mon refus.
N'y pensons plus, Cliton, puisque la place est prise.
CLITON.
Vous en voilà défait aussi bien que d'Orphise.
DORANTE.
Reportons à Lucrèce un esprit ébranlé,
Que l'autre à ses yeux même avait presque volé. 1640
Mais Sabine survient.
��qcant le dénouement qui résultera de la "uéprise de Dorante. Mais aussi, si Dorante a du penchant pour Lucrèce, sa punition ne sera ni si plaisante, ni si complète; ce ne sei'a même pas une punition, mais bien plutôt la réalisation d» ses désirs secrets. Par là, le dénouement semblera plus froid : « S'il ne se soucie d'aucune, dit avec raison Voltaire, qu'importe celle qu'il aura? »
1628. « Voilà une excellente plaisanterie, qui prépare le dénouement de l'in- trigue. » (Voltaire.)
1636. Refus, comme rebut, très usité aussi en ce sens chez les classiques, s'applique parfois, non pas à l'action de refuser, mais à la personne ou à la chose que l'on refuse; M. Marty-Laveaux n'indique pas ce sens particulier :
Est-ce voas offenser que m'offrir vos refus.
El vous doit-il un i-œur dont vous no veniez plus? [Tite et Bérénice, UI, S»
1640. Smr mêmey sans accord, voyez la note do vers 1454.
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