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Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/34

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Ministres d'un État, que vos sages génies

Ont toujours garanti de partes infinies, 1

C'est maintenant, amis, qu'il est temps de parler;

C'est eu cet accident qu'il vous faut signaler,

Et, par l'autorité que votre roi vous donne,

Dire ce qui peut faire au bien de sa couronne.

Parlez donc hardiment, et puis ma volonté

Fera de vos avis un dessein arrêté.

Photin parle le premier; mais quel est notre étonneraent de voir Photin soutenir le parti de la justice et de la généro- sité :

Ce qu'il fallait chercher au bout de l'univers Se vient offrir à nous ! Que nos ports soient ouverts, Que nos cœurs soient de même, et que ces braves princes Entrent dans nos esprits comme dans nos provinces.

Si Photin est ainsi transformé, on peut juger qu'Âchillas, l'Achillas mollement honnête de Corneille, ne le sera pas moins; déjà, dans une première scène, on nous l'avait peint orgueilleux et irritable en face du prudent et discret Photin ; ici, c'est un égoïste qui, avant La Rochefoucauld, traduit son égoïsme en maximes :

Le meilleur est toujours de penser à nous-mêmes.

Selon lui, le royaume ne peut avoir deux maîtres ; or, re- cevoir Pompée, ce serait se donner un maître nouveau; la raison d'Etat commande donc de repousser loin de l'Egypte les ennemis qui menaçant sa sécurité. En un mot, l'Achillas de Chaulmer parle à peu près le langage intéressé du Photin de Corneille, mais ne conclut pas de même :

Croyons donc que, suivant le sort des malheureux, Nous ne pouvons enfin que nous perdre avec eux. Repoussons bravement l'effort de tant de guerres, > Et contraignons Pompée à chercher d'autres terres.

Mais Théodote, excité secrètement par la jalouse Cléopâtre, va plus loin ; tantôt hypocrite, lorsqu'il invoque l'arrêt des dieux, amis de César, tantôt cynique, lorsqu'il conseille au roi de précipiter la mort de Pompée, déjà condamné par les deslins, il expose, avec beaucoup moins de force, la politique implacable que Photin exposait déjà chez Lucain

Apaisons donc César par un sang si funeste Qui nous est un veniD, un aspic, une peste;

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