Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/434

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

B8 RODOGDNE.

Ces deux sièges fameux de Thèbes et de Troie, Qui mirent l'une en sang, l'autre aux flammes en proie, N'eurent pour fondements à leurs maux infinis Que ceux que contre nous le sort a réunis. Il sème entre nous deux toute la jalousie d'^o

Oui (iépeupla la Grèce ei saccagea l'Asie; Un même espoir du sceptre est permis à tous deux, Pour la même beauté nous faisons mômes vœux. Thèbes périt pour l'un, Troie a brùié pour l'autre. Tout va choir en ma main ou tomber en la vôtre. ^'S^J

En vain notre amitié tâchait à partager; . Kt, si j'ose tout dire, un titre assez léger. Un droit d'aînesse obscur, sur la foi d'une mère, Va combler l'un de gloire, et l'autre de misère. Que de sujets de plainte en ce double intérêt ^8?)

��ni. Voltaire est d'ayis que les citations des sièges de Troie et de Thèmes sont étrangères à ce qui se passe. Il faut avouer tout au moins que Corneille y iusiiîô beaucoup trop; à un peu plus de vingt vers de dislance, il y reviendra encore. C'étaient la des souvi^nirs classiques, soigneusement conservés et complais.iai- ment accueillis chaque fois qu'un rapprochement poisible les faisait renaîiic; mais ils refroidissent ici une scène émouvante

]"-2. « Voltaire a critiqué celte expression mettre en proie ; mettre en sang, qui la précède, la fait passer. » (M. Marty-Laveaux.)

m. Far. « Nous avons même droil sur un trône douteux;

Pour la même beauté nous soupirons tous deux» (1647-56).

178. Même, sans l'ariicle, est très fréquent chez Corneille.

179. M. Geruzez voit ici une amphibologie, tt brûler pour signifiant apr»i être amoureux ». Comme il s'agit d'une ville, comme Troie a brûlé rour l'autre correspond, sans doule possible, au premier terme de l'antithèse Tl'éhes jrgiit pour l'un, il nous paraît qu'il n'y a pas la d'amphibologie, a propremenl p.u'iOr, mais seulement une légère indécision. Au premier abord, on serait tente de tairp. rapporter l'un l'autre à toii* deux, tandis qu'ils se raiportent à sceptre c*. à beau le. Le sens évident est : c'est l'ambition qui ruina Thèbes, c'est l'amour qai perdit Troie.

18't. Choir n'a pas ici le sens de tomber en partage, comme le croit VoltiJftJ. C'est un pur synonyme de tomber; Corneille a employé deux mots pour uj; c'est la seule critiqua qu'on lui puisse adresser. « Ces deux mots, venus l'uu 'in latin, l'autre des idiomes germaniques, expriment exactement la même idét», comme on le voit dans le vers de Corneille. La seule différence, c'est que o :tir vieillit, tandis que tomber est en plein usage. » M. Liitré.)

Var. « Et tout tombe en ma main ou tout tombe en la vôtre; En vain notre amitié les voulait pariager. » (1647-56).

181. Tàclierà et fâc/ier de s'employaient alors cuncurreniraent. Avec M. t'irîy- Laveaui et M. Littré, nous ne croyons puère à la distini tion de sens que iïs grammairiens oni tâché à ou tâché d'établir entre les deux tournures ; mais* ">u emploie aujourd'hui de préférence tdclier de. — La leçon: En vain votre ti'J-H-ié est inadmissible.

185. Corneille a dit de même dans le Cid (v. 822):

Rodrigue m'est bien cher; son intérêt m'aCHige.

L'Académie critique l'impropriété de ce tour, auquel elle substitue : <*'~ inthél me lonclie ou sa peine m'a/JJiye. Dans son Lexique de la Langue de MJ-- neille, M. Marty-Laveaux trouve celte critique fondée, et M. t.arroumct, aulti.ir d'une excellente édition classiquo du Cid, l'enregistre sans commentaire. Il es*.

�� �