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ACTE I, SCÈNE Ul. 89

Aura le malheureux contre un si faible arrêt !

Que de sources de liaine! Hélas! ju2;ez le reste :

T-raifînez-en avec moi l'événement funeste,

Ou plutôt avec moi faites un diurne effort

Pour armer votre cœur contre un si triste sort. 490

Malgré l'eciat du tiône et l'amour d'une femme,

Faisons si bien régner l'amitié sur notre âme,

Qu'étoufiant dans leur perte un regret suborneur,

Dans le bonheur d'un frère on trouve son bonheur.

Ainsi ce qui jadis perdit Thèbes et Troie 195

Dans nos cœurs mieux unis ne versera que joie;

Ainsi notre amitié, triomphante à son tour,

Vaincra la jalousie en cédant à l'amour,

Kt de notre destin bravant l'oidre barbare,

Trouvera des douceurs aux maux qu'il nous prépare. 200

ANTiocnus. Le pourrez-vous, mon frère?

SÉLKUCUS.

Ah ! que vous me pressez I Je le voudrai du moins, mon frère, et c'est assez, El ma raison sur moi gardera tant d'empire,

��certain que le vers n'a pas de sens, si l'on n'admet cette observation de M. Ge- ruzez : « hilcrêl a ici le sens de malheur, comme dans le Cid, acte II, se u, et dans Horace, acte V, se. m. » Si intéresser veut dire, chez Corneille, « impli- quer quelqu'un, quelque chose dans une affaire, dans une entreprise, do telle façon qie les résultats ne puissent lui être indifférents, » ne conçoit-on pas qn'inlérH puisse si.nifier parfois, non pas tout à faille malheur, mais l'affaire, l'cutreprise où l'on est malheureusement engagé?

Hélas 1 ton inlérèt ici me désespère.

[Cid, m, 4.)

187. Jugez du reste était, comme le remarque Voltaire, le tour le plus ré- gulier, mais non le plus poétique.

Is^S Chez Corneille, Racine et les contemporains, événement a presque lou- joiirs le sens d'issue, résultat bon ou mauvais, comme dans cette maxime de i'Anliyone de Rotrou :

l'honneur de Tentreprise est dans rérénemem.

193. Comnnent Voltaire, si sévère ailleurs, laisse-t-il passer ici sans observa- tion le mot de suborneur, pris adjectivement? Est-ce parce que lui-même, dans VOr/ilielin de la Chine {11, vi), a dit : « Ce charnue suborneur, » comme Gresset disait : « Le monde mborneur, » comme La Fontaine avait dit : « Un mot subor- neur, » alliance de mots bien plus hardie que le « penser » et l'amour « subnr- neur » du Cid? (I, ix; lll, m.) a ujourd'hui,sii6omeur n'est plus usité que dans îe sens du substantif scrfitc/eur, adjectif lui-même en certains cas.

194. « On n est pas assez déterminé; il faudrait chacun de nous, b (M. Geru- zoz). M. Marty-Laveaux signale cet exemple remarquable de son construit avec un, aprè> un sujet de la première personne du pluriel.

196. On dirait aujourd'hui : «que de la joie*. Et pourtant la poésie contem- t.o:rtine sii:iprimo bien souvent l'article; n'a-t-elle pas raison?

2U1. Voyez plus haui presse/ , dans un saua aAalcjgue, se. i, v. 'al.

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