Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/458

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

112 RODOGUNE.

Mais à peine son bras en relève la chute,

Que par lui de nouveau le sort me persécute ,

Maître de voire État par sa valeur sauvé, 645

Il s'obstine à remplir ce trône relevé :

Qui lui parle de vous attire sa menace.

il n'a défait Tryphon que pour prendre sa place,

Et de dépositaire et de libérateur.

Il s'érige en tyran et lâche usurpateur. 550

Sa main l'en a puni : pardonnons à son ombre;

Aussi bien en un seul voici des maux sans nombre.

Nicanor votre père, et mon premier époux...

Mais pourquoi lui donner encore un nom si doux,

Puisque, l'ayant cru mort, il sembla ne revivre 555

Que pour s'en dépouiller afin de nous poursuivre?

Passons; je ne me puis souvenir sans trembler

Du coup dont j'empêchai qu'il nous put accabler:

543. « On ne relève point une chute, dit Voltaire ; on relève un trône tombé. » — « Chute, dans le langage d'un poète, est la chose tombée, et on peut la rele- Ter. (M. » Geruzez).

Yar. « Je n'en fus point trompée : il releva sa chute;

Mais par lui de nouveau mon sort me persécute ;

C% trùne relevé lui plaît à retenir;

Il imite Tryphon, qu'il venait de punir ;

Qui lui parle de vous irrite sa colère ;

C'est un crime envers lui que les pleurs d'une mère » (1641-56).

553. Les réticences et les sous-entendus dont ce discours est plein ne sont pas l'effet du trouble de l'âme ; tout est calculé d'avance ; Cléopâtre joue un rôle et garde son sang-froid. Elle en dit assez d'ailleurs pour ne laisser place à aucun doute ; Agrippine, plus discrète, ne parle point d'abord de « crime i; un mot, jeté en passant, lui suffit :

Il mourut ; mille bruits en courent à ma honte.

Corneille sentait bien à quel point est pénible la situation des deux pnnces, forcés de condamner à la fois et leur père, qu'on leur peint si coupable, et leur mère, qui s'accuse elle-même : « Séleucus et Antiochus, écrit-il, avaient droit de venger leur père ; mais je n'ai osé leur en donner la moindre pensée. » {Dis~ courx de la tragédie.) Leasing a raison : nous sommes loin du théâtre grec; qu'on se figure Electre et Oreste écoutant les aveux de Clytemnestre. Pour les tils de Cléopâtre, ce passé est bien lointain et bien obscur ; ils sont tout à l'anxiété du présent et à l'espérance de l'avenir.

5ô5. L'ayant cru, mort, il sembla. Pour : après qne nous l'avions cru mort; tournure peu correcte.

558. « li semble que Cléopâtre trembla du coup que voulait porter Nicanor et qu'elle l'empêcha de porter ce coup; elle veut dire le contraire. « (VoKaire.) 11 n'y a p.is plus d'obscurité ici qu'au vers 969. Dont, chez Corneille et tous ^r^ contemporains, a le sens de ]iar lequel :

Sa tête esi le seul prix dont il peut m'aequérir.

(Ctnna, T. 66-1 De cette méaic nain dont il fat combattu...

[ifort de Pompfi-, v. 1891.1

.... Le ciel m'inspire un des.--ciii rfont j'espère EtgaiistHire Rome et ne vous pas déplaire.

\lfioamide> v. 161k|

�� �