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ACTE IV, SCÈNE 1. 159

Je l'ai dit, il est vrai; mais, quoi qu'il en puisse ôtre,

Méritez cet amour que vous voulez connaître.

Lorsque j'ai soupiré, ce n'éiail pas pour vous;

J'ai donné ces soupirs aux mânes d'un époux;

Et ce sont les effets du souvenir fidèle 44S!i

Que sa mort à toute heure en mon âme rappelle.

Princes, soyez ses fils, et prenez son parti.

ANTIOCHUS.

Recevez donc son cœur en nous diux réparti;

Ce cœur, qu'un saint amour rangea sous voire empire,

Ce cœur, pour qui le vôtre à tous moments soupire, 4<60

Ce cœur, en vous aimant indignement percé,

Reprend pour vous aimer le sang qu'il a versé;

Il le reprend en nous, il revit, il vous aime.

Et montre, en vous aimant, qu'il est encor le mênae.

Ah ! Princesse, en l'état oîi le sort nous a mis, il 65

Pouvons-nous mieux montrer que nous sommes ses fils?

pruiités aux tragédiei de Coraeille; nous j ajouterons ces ters de Aïco- mède :

Et vers moi tout l'efTort de son autorité

N'agit que par prière et par civilité. |I, li.|

)!ais enfin, e'<e est reine et cette dignité Semble exigw de nous quelque cirilité. |I, nr.)

1153. Ici encore il faut accorder à Voltaire que « ce vers parait trop comi- que ». L'est-il autant qu'il le parait, et Rodogune meot-elle pour le plaisir de mentir?

1154. « Voici qui est bien pis! quoi! elle prétend avoir été l'épouse du père d'Antiochus! Elle ne se contente pas d'être parricide, elle se dit inces- tueuse! Bn efifet, dans les premiers actes, on ne sait si elle a consommé ou non le mariage avec le père de ses amants. Il faudrait au moins que de telles horreurs fussent un peu cachées sous la beauté de la diction. » (Voltaire.) — ( On sait très bieu, et il est expliqué très clairement dans les premiers acte» que jamais Rodogune n'a épousé Nicanor. Elle était, comme nous l'avons dit. promise à ce prince, et c'est dans ce sens qu'elle peut le nommer son époux mais il n'exista point de mariage. Rodogune, en an mot, ne fut jamais, à l'é gard de Nicanor, que ce que Monime croyait être à l'égard de Mithridate, veuve sam avoir eu d'époux. » (Palissot.) Voyei aussi ï' Averlissement de C!or- neille. L'évidence de cette explication ressort, non seulement de tant d'indica- tions précises, mais de l'étymologie même du mot époux, sponsiis, fiancé. < Es- poux est celuy qui n'est que fiancé, et ne se peut encore porter pour mari. > (Dielionnaire de Nicot.) M. Littré ne donne pas ce sens.

1158. « Il semble, par ce discour* d'Antiochus, répète encore Voltaire, qu'en effet Rodogune a été la femme de son père; s'il est ainsi, quel effet doit faire un amour d'ailleurs assez froid, qui devient un inceste avéré, auquel ni Ântio- chus ni Rodogune ne prennent seulement pas garde f » Que dit donc Antiochus? Rien, ri ce n'est que Rodogune a été aimée de son père. Voltaire a plus raison, quand il demande : « Qu'est-ce qu'un cœur réparti en deux? i

1159. Saint, légitime ; cet adjectif, au xvii» siècle, est de ceux qui sont le plut fréquemment associés au mot amour; on en trouve de nombreux exemple* dans les tragi-comédies de Rotrou.

116S. « C'est donc le cœur de Nicanor, réparti entre ses deux fils, qui, ayant été percé, reprend le sang "qu'il a versé, c'est-à-dire son propre sang, pour aimer eacoro sa femme dans la personne de ses deux OLfantsI f (Voltaire.)

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