Aller au contenu

Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

76 POMPÉE

SCENE II

PTOLOMÉE, PHOTIN.

PTOLOSIÉE.

Photin, ou je me trompe, ou ma sœur est déçue :

De l'abord de Pompée elle espère autre issue.

Sachant que de mon père il a le testament, 215

Elle ne doute point de son couronnement;

Elle se croit déjà souveraine maîtresse

D'un sceptre partagé que sa bonté lui laisse,

Et, se promettant tout de leur vieille amitié.

De mon trône en son âme elle prend la moitié, 2C0

Où de son vain orgueil les cendres rallumées

Poussent déjà dans l'air de nouvelles fumées.

PHOTIN.

Seigneur, c'est un motif que je ne disais pas,

Qui devait de Pompée avancer le trépas.

Sans doute il jugerait de la sœur et du frère 225

Suivant le testament du feu roi votre père,

Son. hôte et son ami, qui l'en daigna saisir :

Jugez après cela de voJ,re déplaisir.

214. Abord se disait pour arrivée, même sans aucune idée de voyage par mer; on retrouvera ce mot aux v. 730 et 1(539.

Voire abord ea ces lieux les eût déshérités. {Bodogune, 1730 )

Autre issice, pour une autre issue: voyez la note du v. 160.

215. On a déjà fuit plus d'une allusion à ces incidents antérieurs à l'action, mais ils ne seront bien éclaircis qu'à la scène suivante, où Cléopitre se chargera de nous mieux instruire.

222. Pousser est un mot familier à Corneille, qui, dans la même pièce, ose écrire : « Pousser un bruit » (v. 1672). Plus tard, il reprendra la même métaphore :

Son courronx désarmé demeure sans appui,

Et toutes ses fureurs, sans effet rallumées, •

Ne pousseront en l'air que de vaines fumées. {Rodogune, 960.)

227. Saisir de, dit M. Marty-Laveaus, est un terme de jurisprudence pour mettre en possession de.

Je dis plus, ils vous ont saisi de ma couronne. {Œdipe, 469.) Ceux qu'aura ma mort saisis de mon emploi. {Sertorius, 807.)

228. Déplaisir, comme ennui, qêne, etc., est un des mots dont le sens aie plus perdu de sa fo»ce. Le vieil Horace et Cléopàtre ne trouvent pas de termes plus énergiques, l'un pour assurer le roi qu'il supporte la mort de ses ûls « avec déplaisir, mais avec patience » {Horace, 1459), l'autre pour exhaler sa fureur :

Ce>t le féal déplaisir qu'en mourant Je recoi. {Rodogune, 1814.)

�� �