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ACTE I, SCÈNE I 75

Tranchons l'unique espoir où tant d'orgueil se fonde,

Et donnons un tyran à ces tyrans du monde.

Secondons le destin qui les veut mettre aux fers,

Et prêtons-lui la main pour venger l'univers. 200

Rome, tu serviras ; et ces rois que tu braves,

Et que ton insolence ose traiter d'esclaves,

Adoreront César avec moins de douleur,

Puisqu'il sera ton maître aussi bien que le leur.

Allez donc, Achillas, allez avec Seplime 205

Nous immortaliser par cet illustre crime. Qu'il plaise au ciel ou non, laissez-m'en le souci. Je crois qu'il veut sa mort, puisqu'il l'amène ici.

��Seigneur, je crois tout juste alors qu'un roi l'ordonne.

PTOLOMÉE.

Allez, et hâtez-vous d'assurer ma couronne, 210

Et vous ressouvenez que je mets en vos mains Le destin de l'Egypte et celui des Romains.

197. Où, sur lequel; comparez les v. 838 et 1325.

Î04. « C'est Ptolomée qui parle, mais c'est vraiment la voix de toutes les provinces que j'entends dans ces beaux vers. Ainsi la superbe aristocratie des Crassus, des Fonteius, des Scauriis, des Verres sera humiliée, et les provinces délivrées et vengées tout ensemble. Ces incomparables mérites du grand Copt neille considéré romrae historien politique étaient si peu comptés autrefois que les critiques y voyaient un défaut capital, et quand Voltaire, le plus autorisé de tous, en parle, il les prend d'ordinaire à contre-sens : « Les nations, dit-il, seront- « elles moins esclaves pour être esclaves du maitre de Rorae? s'exprimer, ainsi, « c'est substituer une amplification de rhétorique à la solidité d'un conseil d'État, k Comment, en eCFet, comprendre le Rome, tu serciras, et tous les vers qui pré- cèdent et qui suivent sans la connaissance réfléchie de l'histoire dont on ne soupçonnait pas même le véritable esprit au temps de Voltaire? Corneille a compris que la République avait péri par les provinces. » ( Desjardins, le grand Corneille historien.)

209. Ces maximes serviles ne sont point particulières aux ministres de Pto- lomée; voyez, dans Cinna, les paroles de Livie, à la scène ii de l'acte V.

Lorsqu'un roi prononce, an sajet doit se taire. (Agésilas, HI, i.)

Dn bon sujet doit tout an repos de son roi. (Rotrou, Don Lope, V, 8.)

218. « Les anciens n'ont rien qui approche de cette belle exposition ; elle est auguste, intéressante, importante ; elle entre tout d'un coup en action ; les autres exp sitions ne font qu'instruire du sujet de la pièce, celle-ci en est le nœud :

Îilacez-la dans quelque acte que vous vouliez, elle sera toujours attachante. C'est a seule qui soit dans ce goût. » (Voltaire.) « On ne peut pas commencer une tragédie d'une manière plus imposante à la fois et plus attachante. » (Laharpe.) Rapprochez de ces deux derniers vers les v. 155-56 de Cinna.

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