Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/172

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ion NICOMEDE

nius, malgré la révolte du peuple et des soldats, qui fait ir- ruption dans le palais, se dérobait cerlainenient par la fuite, une fuite victorieuse, puisqu'il entraînait avec lui le seul efinemi qui pût faire ombrage aux Romains en Asie; et Nico- niède périssait plus misérablement que s'il eût perdu la vie, perdant la liberté ^. » Cet obstacle inattendu, c'est Atlale qui le suscite ; mais qui pouvait compter sur Attale? Son inter- vention nous ravit, mais c'est parce qu'elle est inespérée. Toute autre intervention eût été stérile, sinon nuisible. Ainsi tout dépend de la résolution d'Atlale, et la résolution d'At- tale dépend d'un regard, d'une parole, d'un hasard.

Si donc il est vrai qu'aucune angoisse poignante ne nous étreigne le cœur, il n'est pas moins certain que notre sécurité n'est pas entière. Un coup d'œil jeté sur l'ensemble de la pièce suflît à prouver que le danger de Mcomède va sans cesse grandissant.

Acte I. — En quittant l'armée sans la permission du roi, en s'olfrant seul et désarmé aux ennemis qui l'attendent, .Mcomède a commis une grave imprudence. Laodice elle-même le sent et le dit. Arsinoé le conlirme dans son entretien avec Cléone : c'est elle qui a tendu à Mcomède le piège où il vient tomber; c'est elle qui le met aux prises avec Prusias et Flaminius. D'avance, le succès de sa ruse lui parait assuré.

Act'; II. — Prusias n'est que trop disposé à se débarrasser d'un fils dont la gloire le gène; il laisse voira son confident Araspe combien la reconnaissance lui pèse. Lui aussi, il tend un piège à Nicomède, et, cette fois encore, Mcomède y tombe. Chargé de répondre au nom du roi à l'ambassadeur romain, il oublie qu'il est le fils de Prusias pour se souvenir seulement qu'il est l'élève d'Annibal. Outragé par lui, Flaminius unit sa rancune à celle du roi, et tous deux s'entendent pour arra- cher à Mcomède ce qu'il a de plus cher, Laodice.

Acte III. — La résistance altière qu'oppose Laodice aux pro- jets de Flaminius est secondée et aggravée par les nouvelles humiliations que INicomède fait subir à l'ambassadeur. Pen- dant ce temps, Arsinoé a mûri sa vengeance ; avec une triomphante ironie, elle annonce à INicomède que le roi le mande pour se justifier. Accusé par elle devant Prusias, il doit se croire perdu. Les scrupules honnêtes d'Atlale, qui hésite à suivre Arsinoé jusqu'au bout, nous donnent peu d'es- poir : car, au besoin, l'on se passera d'Attale, et le salut, semble-l-il, ne viendra pas de ce côté.

Acte IV. — La crise se précipite, et Nicomède lutte en vain

1. Naudet, Introduction de Nirnmède.

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