Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/191

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PRUSIAS.

Ah ! Madame.

ARSINOÉ.

Oui, Seigneur, cette heure infortunée Par vos derniers soupirs clora ma destinée ’.

C’est aussi dans un moment décisif que Béline appelle à son secours ce pathétique facile. M. de Bonnefoi, son notaire, est là ; il s’agit de rédiger le testament d’Argan, c’est-à-dire d’achever la spoliation de sa fille Angélique. La cupidité de la belle-mère se masque derrière l’alfection attendrie de la femme :

BÉLINE.

Mon Dieu! il ne faut point vous tourmenter de tout cela. S’il vient faute de vous, mon tils, je ne veux plus rester au monde.

ARGAN.

M’amie !

BÉLINE.

Oui, mon ami, si je suis assez malheureuse pour vous perdre...

AROAN.

Ma chère femme !

BÉLINE.

La vie ne me sera plus de rien.

ARGAN.

M’amour !

BÉLINE.

Et je suivrai vos pas pour vous faire connaître la tendresse que j’ai pour vous.

ARGAN.

M’amie, vous me fendez le cœur ! consolez-vous, je vous en prie 2.

La situation est la même; et, sans assurer que Molière ait imité volonlairement Corneille, on a le droit de croire qu’il s’est souvenu d’une telle scène, lui qui, on le verra bientôt, connaissait à fond Nlcomède, lui qui empruntait pfut-être à celle tragédie le nom de son Arsinoé, très ditlerenle d’ailleurs de l’Arsinoé bitliynienne, lui qui faisait passer dans la prose de Don Juan la plus belle scène du Menteur, lui enfin qui saluait, dit-on, Corneille comme son précurseur dans la comédie. Or, la comédie, elle est dans Nicomède aussi bien

i. Nicomède, IV, 2.

2. Malade imaginaire, 1, 9.