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INTRODUCTION 18\

d'Arsiiioé pourrait être plus dangereuse encore que sa liaine. Quoi qu'il arrive, elle reste debout, et son mari n'est point trouble dans son admiration pour elle.

Il sérail puéril de pousser plus loin la comparaison entre deux pièces d'un espi'it et d'un ton si différents. Celle que nous avons esquissée suf'lit à montrer avec quel art profond Cor- neille a su mêler la comédie à la tragédie dans cette œuvre unique, d'un tragique si nouveau, d'un comique si discret et si fin.

��IV

HISTOIRE DE LA PIÈCE

l.e double caractère, à la fois tragique et comique, de Ni- cnmède, suffit à expliquer les destinées diverses de ce drame oiiginal. Au xvn^ siècle, surtout dans cette première partie du siècle à laquelle il est si bien approprié, il est compris et applaudi. Au xvui'=, il étonne plus qu'il n'émeut des lettrés plus étroitement classiques. Au xix, il est, pour ainsi dire, réliabilité et glorifié, avec une ostentation peut-être intéres- sée, par le chef de l'école nouvelle.

Rien ne prouve, quoique M. Picot l'affirme ', que le peu de succès de Don Sunche ait décidé Corneille à s'éloigner des Kspagnols pour revenir à l'anliquité, à une anli([uité, d'ail- leurs, aussi espagnole parfois encore que romaine. Mais tout s'accorde à prouver que le succès de NicoDiêdi' ne fut pas éphémère , et que le même bibliographe a tort de le contes- ter, lorsqu'il écrit: « Le regisire de Lagrange ne mentionne que 5 représentations de Nicomêde : 2 en 1660, le 13 avril elle 30 mai, et 3 en 1661, les 29 et 31 juillet et le 27 août. A chacune de ces représentations Molière ajouta une de ses comédies. Cette addition, qui assurait la recette, est un in- dice que la tragédie n'avait plus beaucoup de vogue auprès du public. )) M. Picot ne cite-t-il pas lui-même ce témoi- gnage fort postérieur de Robinet, un mauvais poète, mais peu suspect d'imagination inventive :

Achevant de verbaliser, Gazetiser, nouvelliser,

1. Biblioqrap\\e cornélienne.

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