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Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/22

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iO ETUDE SUR THEODORE

1 'iiliiliK'. lorsqu'il se plaignait d'être traité eu esclave par « l'iiii- 1' ri. use humeur » et le « fier orgueil » de Marcelle :

Seieucur, j'en suis coufus, mais vous le méritez : Au^ieu d'y résister, vous vous y soumettez.

A quoi bou tant de déférence humiliée, tant de calculs profonds? Après avoir poignardé Théodore et Didyme, Marcelle se tue elle- même ; Placide, désespéré de n'avoir pu sauver Théodore, se frappe du poignard qui l'a frappée, et vient tomber aux pieds de son ju-re en lui jetant cet adieu cruellement ironique :

Reuds-en grâces au Ciel, hcureu.\ père et mari : Par là. t'est conservé ce pouvoir si chéri.

Que reste-t-il à Valens ? L'espoir très incertain de sauver son fils mourant. La pièce s'achève sur ce doute. Une seule chose est claire, c'est que Valens est malheureux et a mérité son malheur.

Ce caractère de mari complaisant ne paraît pas fort à sa place dans une intrigue aussi sanglante; mais il sera repris et plaira davantage dans- Nicomède, où Valens s'appellera Prusias, et .Mar- celle Arsinoé. Toutefois Valens aime son fils, au fond; Prusias traitera le sien , sinon en ennemi, du moins en suspect. Tandis que Valens semble craindre surtout l'humeur altière de Marcelle, Prusias aura pour Arsinoé une sorte d'admiration béate et atten- drie. C'est en faveur d' Arsinoé que l'on réclame lorsqu'on lui voit préférer Marcelle, «la plus supportable marâtre qu'on ait pré- sentée sur la scène * ». Tout autrement souple et forte est cette Arsinoé, qui s'insinue et ne s'impose pas, qui laisse à son mari l'illusion de l'indépendance. Marcelle commande et menace ; elle u'a qu'un souci, se venger :

C'est un plaisir bien doux que de se voir vengée... ... C'est toujours beaucoup que se pouvoir venger

Aussi est-elle réduite à se tuer après avoir tué ses ennemis. Ar- sinoé vaincue sait accepter sa défaite , et vivre, sans étaler son impatience et ses fureurs impuissantes.

1. Frères Parfaict, Histoire du théâtre français.

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