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Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/255

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Dont le bras généreux trois fois m’a couronné; ÎJiiO
Il ne fait que soitir encoi’ d’une victoire,
Et pour tant de hauts faits Je lui dois quelque {gloire :
Soutirez qu’il ait l’honneur de répondre pour moi.

NICOMÈDE.

Seigneur, c’est à vous seul de faire Attale roi.

PRUSIAS.

C’est votre intérêt seul que sa demande touche. 55")

NICOMÈDE.

Le vôtre toutefois m’ouvrira seul la bouche.

De quoi se mêle Rome, et d’où prend le sénat.

Vous vivant, vous régnant, ce droit sur votre Etat?

Vivez, régnez, Seigneur, jusqu’à la sépulture,

Et laissez faire après ou Rome, ou la nature. 5G0

��o5t. En ce sens, nous dirions anjonnl’hui : il ne fait qw dn sortir, il viont (!■; soitii" ;i peine...; et ne faire que sortir signifie : ne pus cesser de sortir, sortir à tout moment.

5.S0. .> Le roi Prusias, qui n’est déjà pas trop respectable, est peut-être encore ]dus avili dans cette scène, ou Nicoinède lui donne, en présence de l’ambassadeur de Rome, des conseils qui ressemblent souvent à des reproches. Il est mènie assez étonnant que, connaissant la fierté de son fils, et sacliant combien ce disciple d’Annibal hait les Romains, il le charore de répondre à l’ambassadeur Je Home, qu’il croit avoir grand intérêt de ménager. Frusias n’a nulle raison de repondre à l’ambassadeur par une autre bouche, et il s’expose visiblement à voir l’ambassadeur outragé par Nicomède. >■ (Voltaire.) Ce qui cause l’erreur de Voltaire, c’est qu’il ne voit pas que, dans toute cette scène, Prusias joue un double jeu. S’il ne le jouait pas, il serait vraiment, non pas vil, mais Cou, lui qui, connaissant si bien son f:ls, s’exposerait de gaieté de cœur à tous les ennuis que lui peuvent attirer les incartades de Nicomède. .Mais son but est précisément de compromettre ce fils trop fougueux et de séparer plus nettement que jamais les intérêts du père d’Attale de la cause que soutient î’eleve d’Annibal.

555. Var. C’est votre intérêt seul que cette affaire touche.

Et pour le votre seul je veux ouvrir la bouche. (1G31-»G.)

556. La grande habileté de Nicomède, c’est d associer étroitement sa cause à celle de son père, alors que celui-ci les voudrait disjoindre. 11 ne plaide pas pour lui seul, parce qu’il ne veut pas se laisser seul compromettre. Mais cette réponse habile est sincère, et même la sincérité l’emportera bientôt sur l’habileté. Bientôt ce ne sera plus seulement le fils de roi qui parlera au nom de tous les rois humiliés ; ce sera aussi et surtout le disciple d’Annibal qui bravera en lace le meurtrier de son maître.

558. 1. Jamais cette revendication inattendue de l’indépendance et de la dignité royales ne manque son effet au théâtre. L’ànie du spectateur se dilate d’aise en se relevant avec Nicomède de rabaissement ou la tenait Prusias. Toute la scène est remplie de cette inspiration qui dictait à Salhiste le discours de Mithridate, et à Tacite celui de Galgacus. » (Naudet.) Vous vivant, vous réijnant ; ce n’est pas ici seulement un latinisme, dit M. Godelroy dans son Lexique de Corneille, c’est encore un reste de la syntaxe de notre vieille langue ; « Voiant toz » (Herbers, Dolopathos), videntibus umnibn*.