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ACTE II, SCÈNE III 245

Ou pour le consulat, ou pour la dictature.

FLAMiNius (à P7'usias).

Seigneur, dans ce discours qui nous traite si mal.

Vous voyez un effet des leçons d'Annibal ;

Ce perfide ennemi de la grandeur romaine o7o

N'en a mis en son cœur que mépris et que haine.

��Non, mais il m'a surtout laissé ferme en ce point

D'estimer beaucoup Rome, et ne la craindre point.

On me croit son disciple, et je le tiens à gloire;

Et quand Flaminius attaque sa mémoire, 380

Il doit savoir qu'un jour il me fera raison

D'avoir réduit mon maître au secours du poison.

Et n'oublier jamais qu'autrefois ce grand homme

Commença par son père à triompher de Rome.

Comme il est votre fils, il est ma nourriture.

(Tristan, Mort de Chrisjje, UI, 1. Dan? son janlin Vrnus se ipposait Avec Anioui-, sa itouee nourriture. (Maurice Scéve, Délie.)

573. Flaminius affecte de s'adresser à Prusias et de ne pas vouloir répondr; directement à Nicomède. Lui aussi suit sa politique insidieuse qui n'attaque ja- mais de front l'adversaire. S'il évoque le souvenir d'.Xnnibal, c'est qu'il a déjà triomphé de cet éternel ennemi de Rome ; c'est qu'il a su arracher à Prusias la vie de son hôte. Nicomède continue, pour ainsi dire, .\nnibal; il peut devenir aussi dangereux pour son père qu'.Xnnibal l'a été pour son protecteur ; c'est ce que Fla- minius tient à faire entendre à son allié tremblant.

57f). En, de la grandeur romaine, c'est-à-dire des Romains. Après avoir cité de très nombreux exemples de en se rapportant à des noms de personnes ou à des noms employés personnellement, M. Marty-Laveaux ajoute : « On voit combien cet emploi de en, si blâmé par Voltaire et les grammairiens modernes, peut don- ner de rapidité au style sans jeter la moindre obscurité dans la pensée. " A plus forte raison ne comprend-on pas que Voltaire écrive gravement : « Cela n'est pas français. » à propos de cet en qui se rapporte à la grandeur romaine.

578. Sur l'ellipse de la préposition de devant le second complément, voyez la note du v. 102. — Fstimer beaucoup Rome sans la craindre, telle est, en eflét, la pensée dont s'inspira toujours Aunibal et dont son disciple s'inspire après lui. Voyez l'Introduction.

579. Var. Je fus son écolier, et je le tiens à gloire. (1651-26.)

Je le tiens à gloire, je m'en glorifie, excellente tournure, qui avait vieilli du temps de Voltaire, mais a repris faveur depuis. Corneille disait teyiir à gloire, temr à bonheur.

PuH-je croire Que vous tiendrez enfin ma flamme a qneliiue gloire'? {Attila, 1786.) Les plus grands y tiendront votre amour à bonheur. (Polijeucte, 392.) 581. n me fera raison, il me rendra raison, me donnera satisfaction, comme au V. 1375.

584. Voyez les v. 305 à 310. « Il n'est lias encore dans l'exactitude historique que ce soit jiar un Flaminius qu'.\nnihal ait commencé à triomiih'r de Rome. La journée d ■ Trasimène avait été précédée par les batailles du Tesia et de la Tré- bie. n (Palissot.)

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