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Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/258

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246 NICOMÈDE

FLAMINIUS.

Ah! c'est trop m'outrager!

NICOJIÈDE.

N'outragez plus les morts. 585

PRUSIAS.

Et vous, ne cherchez point à former de discords : Parlez, et nettement, sur ce qu'il me propose.

MCiiMÈDE.

Eh hicn ! s'il est besoin de répondre autre chose,

Attale doit régner, Rome l'a résolu,

Et puisqu'elle a partout un pouvoir absolu, 590

C'est aux rois d'obéir alors qu'elle commande.

Attale a le cœur grand, l'esprit grand, l'àme grande. Et toutes les grandeurs dont se fait un grand roi ; Mais c'est trop que d'en croire un Romain sur sa foi.

��585. Yar Noffensez plas les morts. (1631.)

586. Dans ses Remarques, Vaugelas dit que le mot discord est un de neus, as- sez peu nombreux. « que Ion emploie on vers, et non pas en prose ". Malherbe emjdoie souvent ce mot, qu'emploiera encore l' jeune Racine dans la T/u'baîde. Mais, des le temps des Corneille, observe M. Marty-Laveaus, ce mot vieillissait : Pierre ne s'en sert que rarement, et seulement au pluriel dans ses dernières pièces ; Thomas le déclare entièrement hors d'usage. Le terme pourtant est excellent et exprime une nuance de sens que rend -nt mal nos mots de débat, discussion, conflit.

593. a La répétition de ces cinq adjectifs a toujours paru a la représentation un jeu de mots dont la terminaison est un rire général et malin, dont le grand Cor- UL-ille ne s'était jamais douté. » (Lekain.) Il ne faut pas faire le grand Corneille plus naïf qu'il ne l'est : comment n'eiit-il pas prévu que certains passages de iVi- comède provoqueraient au moins un sourire, lui qui, dans son Examen, signalait le premier la •< constitution extraordinaire » de cette pièce, ou l'ironie a tant de part? Mais Lekain proscrit le rire de la tragédie; il remplace : u et toutes les grandeurs », par .c et toutes les vertus ", diminuant ainsi l'effet plaisant du pas- sage, sans parvenir à le rendre pleinement tragique. Andrieux a été plus hardi. Voici la correction qu'il propose :

On vient nous assurer qu'.\ttale a l'àme grande Et tous les (Ions du Ciel qui forment un grand roi.

On aimerait mieux sans doute être comique avec Corneille qu'être ainsi tra- gique avec Andrieux. — Ce passage n'avait, du reste, dit M. Marty-Laveaux, rien qui choquât les contemporains, et M"" de Scudéry l'avait trouvé si fort à son gré qu'elle l'avait imité. En effet, dans le Grand Cyrus, au tome X (p. 1354), dont l'achevé d'impr'imer porte la date du 13 septembre 1633, Cvtus repond à la cruelle Thomiris. qui essaye une dernière fois de le détacher de Mandane : « Vous avez une grande beauté, un grand esprit, un grand cœur, et mille grandes qualités, qui font que, toute mon ennemie que vous êtes, j'ai encore de l'estime pour vous. »

504. u Le spectateur se range du parti de Nicomède ; il se passionne pour cette vigueur, pour cette noble fierté. 11 triomphe en voyant traiter la foi romaine comme les Romains traitaient la foi punique. » (NauUet.)

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