Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/260

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NICOMÈDE

��Prince, vous abusez trop tôt de ma bonté : Le rang d'ambassadeur doit être respecté, Et l'honneur souverain qu'ici je vous défère.

��Ou laissez-moi parler, Sire, ou faites-moi taire.

Je ne sais point répondre autrement pour un roi 623

A qui dessus son trône on veut faire la loi.

PRUSIAS.

Vous m'offensez moi-même en parlant de la sorte, Et vous devez dompter l'ardeur qui vous emporte.

��Quoi! je verrai. Seigneur, qu'on borne vos États,

Qu'au milieu de ma course on m'arrête le bras, 630

Que de vous menacer on a même l'audace,

Et je ne rendrai point menace pour menace!

Et je remercierai qui me dit hautement

Qu'il ne m'est plus permis de vaincre impunément!

PRL'SIAS (à Flaminius).

Seigneur, vous pardonnez aux chaleurs de son âge; 635

Le temps et la raison pourront le rendre sage.

il fallait entendre autrefois un grand tragédien, qui s'était pénétre de l'esprit de Nicomède, lancer comme un trait acéré, déchirant, ce vers :

Nons pourrons lui trouver un lac île Trasiméne. » (Nauilet.)

6Î1. Yar. Prince, tous abusez enfln de ma bonlè. (165I-5G.)

•î6. Dessus est ici préposition, comme dedav^ au v. 283; voyez ce vers et la note. Déjà, au temps de Corneille , les grammairiens recommandaient l'emploi exclusif de sur en ces sortes de tournures, et ne voyaient en dessus qu'an adverbe.

627. Var. Vou? m'offensez. — Autant que Rome vous honore.

— Quoi ! vous continuez a m'offeuser encore ! (1631-56.)

633. Aux chaleurs de son âge, à la fougue indiscrète de la jeunesse. Corneille employait ce mot au singulier comme au pluriel pour désigner tout emportement passionné :

J'écoute nne chaleur qui m'était défendue. (Rodogunc, 1016.) Vous pardonnerez donc ces chahurt indiscrètes. (Ibid. 1467.) Modérez ces chaleurs de votre esprit jalouï. {Toison, 1526.) 11 en a fait de beaux emplois aux v. 838, 873, 1253 du Cid. En prose même, ce terme était admis, et M. Godefroy cite ce passage d'une lettre de Malherbe à Racan : u Je ne saurais nier que, lorsque j'étais jeune, je n'aie eu les chaleurs de folie qu'ont les jeunes gens. >• 636. On dirait que Prusias s'applique à piquer l'amour propre de Nicomède,

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