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ACTE III, SCÈNE I -J

LAODICE.

Seigneur, si je m'égare, on peut me l'enseigner.

��Vous méprisez trop Rome, et vous devriez faire 7o5

Plus d'estime d'un roi qui vous tient lieu de père.

LAODICE.

Vous verriez qu'à tous deux je rends ce que je doi.

Si vous vouliez mieux voir ce que c'est qu'être roi.

Hecevoir ambassade en qualité de reine,

Ce serait à vos yeux faire la souveraine,^ 700

Elntreprendre sur vous, et dedans votre Etat

Sur votre autorité commettre un attentat :

Je la refuse donc, Seigneur, et me dénie

L'honneur qui ne m'est dû que dans mon Arménie.

C'est là que sur mon trône avec plus de splendeur 76a

Je puis lionorer Rome en son ambassadeur,

Faire réponse en reine, et comme le mérite

Et de qui l'on me parle, et qui m'en sollicite.

Ici c'est un métier que je n'entends pas bien •

plus d'un exemple de à pour dans. Pourquoi donc ne pourrait-on dire aussi : le chemin de régner? C'est une sorte de latinisme.

Ce n'est pas le chemin rie rentrer dans mon âme. {Andromède, 112>.)

756. Sur la locution faire estime, voy -z la note du v. 541.

757. Var. Vous verrez qu'à tous deux je rends ce que je doi.

Si vous voulez mieux voir ce que c'est qu'être roi. (iBol et 62 A.)

Sur doi pour dois, voyez la note du v. 33.

758. Pourquoi Lekain a-til éprouvé le besoin de corriger ce vers? Laodicr; y parle, avec simplicité et fermeté, le langag-e que doit parler la fiancée de Nioo- mède. Entre elle et le héros il y a une parfaite communauté de sentiments; les pensées et presque les expression sont les mêmes.

763. Je la refuse, je refuse l'ambassade : le mot ambassade se trouve, en effet, au V. 759, mais sans rien qui le détermine, dans la lo'ution toute faite recevoir ambassade. Cette construction semblerait aujourd'hui incorrecte ; mais nous avons vu au V. 190 que Corneille et ses contemporains ne se faisaient aucun scrupule de l'employer. — Je me dénie, je me refuse à moi-même. Un trouve plus rarement se dénier que dénier à quelqu'un :

Le Ciel m'a dénié cette philosophie. (Molière, Femmes savantes, IV, 2.)

768. Et de qui... Ici, comme au v. 137, il y a ellipse de celui.

769. u Le mot métier ne peut être admis qu'avec une expression qui le fortifie, comme le métier des armes. » (Voltaire.) M. Géruzez rappelle que P.-L. Courier justifiait ainsi cette même expression, qu'on l'avait blâmé d'avoir employée en parlant d'un jeune prince : « Comment no pas savoir que ce mot vulgaire de mé- tier relève, ennoblit l'expression , par cela même qu'il est vulgaire, tellement qu'elle ne serait pas déplacée dans un poème, une composition du genre le plus élevé, une ode à la louange du prince. » Ici, du reste, l'ironie est sensible dans les paroles de Laodice, et ses fimiliarités , loin d'être des négligences, s'arcor-

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