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ACTE III, SCENE III 269

Me faisaient lui donner un conseil par pitié.

NICOMÈDE.

Lui donner de la sorte un conseil charitable,

C'est être ambassadeur et tendre et pitoyable. 940

Vous a-t-il conseillé beaucoup de lâchetés, Madame?

FLAMINIUS.

Ahl c'en est trop, et vous vous emportez.

NICOMÈDE.

Je m'emporte?

FLAMINIUS.

Sachez qu'il n'est point de contrée Où d'un ambassadeur la dignité sacrée...

NICOMÈDE.

Ne nous vantez plus tant son rang et sa splendeur: 945

Qui fait le conseiller n'est plus ambassadeur; Il excède sa charge, et lui-même y renonce. Mais dites-moi, Madame, a-t-il eu sa réponse?

LAODICE.

Oui, Seigneur.

NICOMÈDE.

Sachez donc que je ne vous prends plus Que pour l'agent d'Attale, et pour Flaminius; 9j0

Kt si vous me fâchiez, j'ajouterais peut-être Que pour l'empoisonneur d'Annibal, de mon maître. Voihx tous les honneurs que vous aurez de moi : S'ils ne vous satisfont, allez vous plaindre au Roi.

��940. Pitoyable, qu'on n'emploierait plus guère dans une situation tragique, avait alors le double sens de qui a de la pitié et de qui inspire de la pitié.

Si le ciel pitoyable ehl écoulé ma voix... {Horace, 973.) Je jure donc par vous, ô pitoyable reste... {Pompée, HG9.)

041. Il Cette scène est assurément la plus faible de la pièce, parce que toutes ]-^s l)ienséances y sont violées. Nicomède ne s'y respecte pas plus qu'il ne respecte Flaminius, et l'ambassadeur de Rome y fait par trop piteuse mine, jusqu'à l'in- vraisemblance. » (Naudet.)II est vrai que Flaminius se donne ici lui-même moins comme l'ambassadeur de Rome que comme un conseiller offici.'ui. Seule, la grandeur romaine fait sa grandeur; dès qu'il ne parle plus qu'en .^^on propre nom, il semble plus petit. C'est ce que sent et dit fort nettement Nicomède au v. 946.

934. Quoi qu'il en dise, Nicomède s'emporte ; il était vraiment fort lorsqu'il gardait sa froideur ironique et tranquille.

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