Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III, SCÈNE IV 2*1

Mais je ne comprends point toute cette conduite,

Ni comme à cet éclat la Reine vous contraint.

Plus elle vous doit craindre, et moins elle vous craint; 970

Et plus vous la pouvez accabler d'infamie.

Plus elle vous attaque en mortelle ennemie.

NICOUÈDE.

Elle prévient ma plainte, et cherche adroitement

A la faire passer pour un ressentiment,

Et ce masque trompeur de fausse hardiesse 975

Nous déguise sa crainte, et couvre sa faiblesse.

��Les mystères de cour souvent sont si cachés Que les plus clairvoyants y sont bien empêchés.

Lorsque vous n'étiez point ici pour me défendre, Je n'avais contre Attale aucun combat à rendre; 980

909. Ni comme, ni comment, ni pourquoi. On a déjà vu comme pour comment. A cet éclat, à cette manifestation éclatante de vos sentiments pour elle, c'est-à- dire, ici, à cette rupture ouverte.

C'étaient de vains éclati de générosité. {Perlharite, 1C89.)

972. Laodice est plus clairvoyante que Nicomède. C'est qu'elle connaît mieui li cour et ses intrigues.

978. a Rien n'est plus utile que de comparer : opposons à ces vers ceux que Ju- nie dit à Britannicus, et qui expriment un sentiment à peu près semblable, quoique dans une circonstance différente :

Je ne connais Néron et la conrc[iii; d'un jour;

Mai*, si je l'ose dire, hélas ! dm? cette cour

Combien ce que l'on dit est loin de ce qu'on pense I

Que la bouche el le cœur sont peu d'Intelligence 1

.\vec combien de joie on y trahit sa foi !

Quel séjour étranger et pour vons el pour moi! • (Vollajre.)

Y sont bien empêchés, sont bien embarrassés pour en pénétrer les secrets. Ce mot semble appartenir surtout au langage de la comédie :

Je sais bien empêché ; In vérité me presse. (Racine, Plaideurs, III, 2.)

Est-ce à dire que la tragédie ne puisse l'employer? K Voltaire, qui le soutient, M. Godefroy répond : u Faut-il voir du style comique dans cette phrase du grave Bossuet : « Je sais bien qu'il est difficile d'esprinier la douleur d'une mère : on « ne trouve pas aisément des traits qui nous représentent au vif des émotions si o violentes; et si la peinture y a de la peine, l'éloquence ne s'y trouve pas moins empêchée » {Premier sermon pour le vendredi de la Passion)'! et dans celle-ci du profond Malebranche : « Il serait peut-être bien empêché à vous prouver qu'il y a un Dieu n ?

980. Rendre combat se disait couramment pour livi'er combat :

Ce cœur si généreux rend si peu de combat! {Cinna, 13'i3.) Madame, il est aisé par mon d'^sorilre extrême De juger des combats que je rends en moi-mémo.

(Thomas Corneille, Conim., II, 5.) Où sont-ils, ces combats qoe vous avez renrfus ?( Racine, Iphigénie, IV, i.)

Rousseau et Chateaubriand ont rajeuni cette locutiou.

�� �