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3in NICOMÉDE

Le temps pourra changer ; cependant prenez soin D'assurer des jaloux dont vous avez besoin.

��SCENE IL

FLAMINIUS, ARSINOÉ, ATTALE.

��Seigneur, c'est remporter une haute victoire 153'

Que de rendre un amant capable de me croire : J'ai su le ramener aux termes du devoir, Et sur lui la raison a repris son pouvoir.

FLAMINIUS.

Madame, voyez donc si vous serez capable

��sont donc naturelles quand elle entend son fils parler avec cette « prudence ». et professer cette sorte de scepticisme politique qui est, à ses yeux, la vraie sagesse. Toutefois, elle se laisse tromper bien vite, elle autrefois si défiante, même à l'égard d'Attalc. N'y a-t-il rien qui doive éveiller ses soupçons dans ce brusque change- ment de ton et de conduite? N'a-t-elle point trop de confiance en elle-même, en son autorité maternelle, jusqu'alors docilement subie?

1534. Assurer est ici encore pour r-issurer, comme au v. 1310. Les jaloux, ce sont les Romains, ces alliés impérieux qui ne soulfrent aucune grandeur auprès de la grandeur romaine. Rien n'est moins u inintelligible >i.quoi qu'en dise Voltaire. M. iMarty-Laveaux, dans son Lexique, prouve que les meilleurs écrivains ont parlé ainsi, depuis Amyot et Montaigne, jusqu'à Racine. — Voltaire trouve cotte scène inutile; Lekain est plus sévère encore : « L'ouverture du cinquième acte ne me parait pas exposer d'une manière assez pathétique le danger de Nicomède, et cette faute est, selon moi, d'autant plus grande que ce prince seul doit réunir sur lui tout l'intérêt. Corneille a fait une scène de politique entre la reine et son fils, laquelle est d'une froideur estr/^me; ce qui suit ne la rénhauffe pas beaucoup. » Lekain oublie qu'au fond, c'est de Nicomède encore, de Nicomède seul qu'il s'agit ici ; l'intérêt de la scène vient précisément de l'incertitude qui plane sur les inten- tions d'Attale. c'est-à-dire sur le sort de Nicomède. Au reste, ces sortes de scènes, qui semblent aujourd'hui un peu languissantes et qui ne le semblaient pas alors, sont de mise dans une pièce qui est moins un conilit personnel entre Nicomède et Flaminius que la lutte de deux politiques opposées.

1335. « Cette scène paraît jeter un peu de ridicule sur la reine. Flaminius vient l'avertir, elle et son fils, qu'il n'est pas sage de parler de tout autre chose que d'une sédition qui est à craindre, et lui cite de vieux exemples de l'histoire de Rome; au lieu de s'adresser au roi, il vient parler à sa femme; c'est traiter ce roi en vieillard de comédie qui n'est pas le maître chez lui. " (Voltaire.) « La reine Arsinoé n'est pas tant à ménager ; mais il ne faut pas croiie que son mépris pour la sédition la rende si ridicule, et qu'il retombe un peu de ce ridicule sur la pièce. Cette reine asiatique est accoutumée à dédaigner le peuple comme un trou- peau, et peut bien s'imaginer que la garde du roi fera aisément justice de la mu- tinerie. Mais cette mutinerie est une révolte; cette révolte pourrait devenir une révolution ; la reine s'y trompe sans être ridicule. » (Naudet.)

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