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352 ÉTUDE

CEDIPK.

Pourrait-oa mieux défendre un esprit si rebelle?

JOCASTE.

Parlons-en comme il faut : nous nous aimons plus qu'elle ; Et c'est nous trop aimer, que voir d'un œil jaloux Qu'elle nous rend le change, et s'aime plus que nous.

C'est du La Rochefoucauld encore, et six ans avant les Maximes. On a beaucoup d'esprit à cette cour de Thèbes. Brusquement, nous sommes ramenés à la réalité terrible. Consultés à Delphes, les Dieux sont restés muets et sourds. Eh bien, à défaut du Ciel, on consultera les enfers, et Tirésias évoquera l'ombre de Laïus, qui répondra sans doute.

Acte II. — Dircé remplit cet acte tout entier de ses bravades et de ses déclamations magnanimes. Elle écrase OEdipe de son dédain. Que vient-on lui parler d'^Emou? 11 lui faut un roi pour époux, un vrai roi, car il en est de faux. Pourquoi OEdipe lui-même est- il sur le trône? Parce qu'il a « eu de l'esprit ».

��La jalouse fierté qui vous eulle le cœur

i\Ie regarde toujours comme un usurpateur ;

Vous voulez ignorer cette rude maxime

Que le dernier besoiu peut faire un roi sans crime,

Qu'un peuple sans défense, et réduit aux abois...

��Le peuple est trop heureux quand il meurt pour ses rois. Mais, Seigneur, la matière est un peu délicate ; Vous pouvez vous flntter, peut-être je me flatte. Sans rien approfondir, parlons à cœur ouvert. Vous régnez en ma place, et les Dieux l'ont souffert; Je dis plus : ils vous ont saisi de ma couronne. Je n'eu murmure point, comme eux je vous la donne ; J'oublierai qu'à moi seule ils devaient la garder ; Mais si vous attentez jusqu'à me commander. Jusqu'à prendre sur moi quelque pouvoir de maître. Je me souviendrai lors de ce que je dois être, Et si je ne le suis pour vous faire la loi, Je le serai du moins pour me choisir un roi. Après cela, Seigneur, je n'ai rien à vous dire : J'ai fait choix de Thésée, et ce mot doit suffire...

OEDIPE.

Je suis roi, je puis tout.

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