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3é2 ÉTUDE

La Motte corrige ingénieusement les invraisemblances de la Fable ; mais il en retire en même temps toute terreur et toute pitié ; de son Œdipe en vers, de son Œdipe en prose, rien n'est resté, ni prose ni vers *. » Cet Œdipe avait pourtant cette originalité d'ex- clure toute intrigue amoureuse. En cela donc il était absolument différent de VŒdipe cornélien.

1729. — L'Œdipe de Sophocle, par Jean Boivin 2, académicien. Ce n'est qu'une traduction en prose du grec, avec les chœurs versifiés.

1731. — Œdipe et toute sa famille, de La Toumelle, avec une pré- face et un dialogue. — Œdipe ou les trois fils de Jocaste.— Œdipe et Polibe. — Œdipe ou l'ombre de Laïus. Ces quatre tragédies n'ont pas été représentées s. « L'auteur, dit M. Marty-Laveaux, affec- tionnait ce sujet, et promet encore trois autres tragédies sur OEdipe. Il n'a pas tenu parole. » On l'en doit et on s'en doit féli- citer.

1781. — Jocaste, du comte de Lauraguais, avec une dissertation sur les Œdipes de Sophocle, de Corneille, de Voltaire, de La Motte.

Vers la fin-du siècle, M.-J. Chénier a donné un Œdipe roi, imité de Sophocle, dit le titre, mais où l'on sent un disciple de Voltaire.

Le seul de ces Œdipes qu'il soit intéressant de comparer à celui de Corneille est l'Œdipe de Voltaire. ]\Iais M. Patin ne va-t-il pas bien loin lorsqu'il dit de cette œuvre, où Ton sent la jeunesse de Tauteur : « Elle égale et surpasse quelquefois le modèle grec, et cependant, pour l'ordonnance, pour la conduite, pour la vérité des sentiments et du langage, quelle évidente infériorité ! » Il serait ïnalaisé, croyons-nous, de préciser les endroits où Voltaire surpasse Sophocle, ceux même où il l'égale. Assez peu modeste dans la cri- tique, souvent injuste, qu'il fait de la tragédie grecque, il veut bien avouer que peut-être sans Sophocle il ne serait jamais venu à bout de son Œdipe; mais il se hâte d'ajouter : « Il est vrai que, comme je lui dois des beautés, je lui dois aussi des fautes ^. » Seulement il oublie de dire lesquelles. Au P. Porée, son ancien maître, il écrivait : « J'étais tout plein de la lecture des anciens

��1. Patin, Tragiques grecs.

2. Didot, in-li*.

3. Le Breton, in-12. Ce La Toumelle était rommissaire des guerres.

4. Lettres à M. de Genouville, contenant la critique de VŒdipe de Sophocle, de celui de Corneille, et de celui de l'auteur, 1719.

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