SUR SERTORIUS 429
Eu résumé, les deux premiers actes sont médiocres, parce que les situations y sont peu naturelles et nous étonnent plutôt qu'elles ne nous émeuvent, malgré de beaux passages. Au troisième acte, au quatrième, le drame se relève, non seulement par la grandeur des intérêts engagés, mais par la franchise des situations et la vé- rité plus entière des sentiments : Sertorius et Pompée, Viriate et Aristie, rivalisent de générosité. Le dénouement du cinquième acte, en glorifiant Pompée, ne glorifie pas moins Sertorius, que Pompée vense.
��IV
��SERTORIUS AU THEATRE
Le théâtre du .Marais avait vu le premier grand triomphe de Corneille, la victoire décisive du Cid; c'est au Marais encore que, vingt-six ans après. Corneille donna Se7'tu7'ius, la plus belle, à coup sûr. des tragédies de sa vieillesse. Avant même que la pièce eût été imprimée, la troupe de .Molière l'avait jouée (23 juin 1662). On a vu que Molière n'avait pas dédaigné d'y prendre un des vers les plus fameux de son Tartuff. Dans l'Impromptu de Versailles, il raille le ton sur lequel Hauterochc, comédien de l'Hôtel de Bour- gogne, chargé du rôle de Pompée, disait à Sertorius :
L'inimitié qui règne entre les deux partis '...
Mais, en de tels dialogues, l'exagération du ton est facilement excusable. Ces héros cornéliens ne sauraient parler comme un Ariste ou un Cléante.
Le succès avait été grand, et se poursuivit, semble-t-il, pendant tout le règne de Louis XIV : car de 1680 à 1715 Sertorius ne fut pas joué moins de cinquante-sept fois, dont onze fois à la cour. En maint endroit de sa correspondance, M™^ de Sévigné se souvient du dernier chef-d'œuvre de son poète 2, de la « dernière merveille »
1. Sertorius, III, 1. Voyez l'Impromptu de Versailles, l.
2. Lettres à M™» de Grignan, 13 avril, 8 septembre et 3 octobre 1G80. Dans une lettre du 15 décembre 1688, le marquis de Gri^an dit qu'il est allé voir Sertorius.
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