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cette réserve une explication ingénue : « Les spectateurs sont sans cesse dans l'admiration et sentent une joie intérieure qui les re- tient dans un profond silence '. » Un admirateur aussi chaleureux, mais plus délicat, Saiut-Évremond, atteste l'insuccès relatif de So- phonishe, par la façon même dont il s'en plaint : «Corneille, qui, presque seul , a le bon goût de l'antiquité, a eu le malheur de ne pas plaire à notre siècle, pour être entré dans le génie de ces na- tions et avoir conservé àlafille d'Asdruhal son véritable caractère. Ainsi, à la honte de nos jugements, celui qui surpasse tous nos auteurs et qui s'est peut-être ici surpassé lui-même, a rendu à ces grands noms tout ce qui leur était dû et n'a pu nous obliger à lui rendre ce que nous lui devions 2.» Sophnnisbe aurait donc déplu aux Français parce qu'on la jugeait trop Carthaginoise.
Et pourtant Sophonisbe, à l'Hôtel de Bourgogne, c'était la des OEillets ; Éryxe, c'était la Beauchàteau. Floridor jouait Massiuisse ; La Fleur, Lélius ; Montfleury, Syphax. Le fils de Montfleury fai- sait de son mieux pour soutenir le succès d'une pièce à laquelle son père prenait tant dlntérêt. Dans son Impromptu de l'Hôtel de Condé , cité par M. Marty-Laveaux, il imagine ce dialogue entre un marquis et une libi'aire du Palais, de ce Palais où la jeune fan- taisie de Cornoillc avait pronioui^ jadis ses persounagps encore indécis :
A LIS. "^^
Monsieur, u'aurai-je point l'honneur de vous rien vendre?
LE MARQUIS.
Oui, mais je veux avoir de ces pièces du temps.
ALIS.
Voilà la Sophonisbe.
LE MARQUIS.
Avez-vous du bon sens?
ALIS.
Si j'en ai? Je le crois ; c'est de ^Monsieur Corueille;
C'est du siècle présent l'honneur et la merveille ;
Et les œuvres. .Monsieur, d'un homme si vanté
Le feront adorer de la postérité :
Nous n'avons point d'auteurs dont la veine pareille...
��1. Granet, Recueil de dissertations, Gissey, -1 vol. in-12, 1T39. î. Dissertation sur Alexandre.
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