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Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/488

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476 ÉTUDE

par un « long raisonnement » qui est un refus adouci. Elle veut « un mari qui sache être empereur » ; elle dédaigne la « vertu sau- vage « de Pison; pour l'amour d'Othou elle renonce à l'Empire. Mais Othon est plus consterné que touché d'un tel sacrifice. Galba le lui annonce, avec une secrète ironie peut-être; Camille le lui couhrme avec une tendresse fière. En face de cette noble attitude, combien piteux sont les détours que cherche Othon! 11 sait trop le peu qu'il vaut pour coûter l'Empire à Camille. Au magnanime dévouement de celle qui l'aime il doit répoudre par une égale ma- gnanimité. Quoi qu'il lui en coûte, il saura renoncer à elle. .Mai.* le mari de Camille, l'héritier de Galba, malgré Pison, malgré Galba lui-même, sera l'empereur de demain. Et Camille, plus politique qu'il ne semble d'abord, fait briller à ses yeux cette espérance. Non, Othon renonce à tout. Othon ne veut plus espérer. Camille sans l'Empire ue lui sourit plus; et qui sait, d'ailleurs, si Camille ne regrettera point plus tard le pouvoir sacrifié, si elle n'essayera pas de le ressaisir? Il ose évoquer devant elle, à ce moment, le souvenir de Poppée, qui l'a jadis abandonné pour devenir impéra trice. C'est trop de lâcheté ; indignée et désabusée, Camille s'écrie :

Je ne sais quel amour je vous ai pu donner. Seigneur, mais sur l'Empire il aime à raisonner... Vous n'aimez que l'Empire, et je n'aimais que vous.

Lorsque Emilie accable Cinua de son dédain, l'embarras de Ciuna, après tout, a son excuse honorable, puisqu'il naît de ses remoi'ds. Quel motif avouable peut excuser Othon? Bajazet lui- même, dont la situation est, d'ailleurs, aussi fausse, a intérêt à désarmer Roxane, et sa vie est attachée au succès de sa feinte. Mais Camille n'est pas une Roxane; qui forçait Othon à la trom- per? La raison d'État? Combien froide est une passion que la raison d'État fait naître et fait mourir!

Acte IV. — Pénétré et jugé par Camille, Othon se tourne du côté de Plautine. qui ne peut rien pour lui que pleurer. Il n'a qu'à mourir, du moins il le dit, et l'on ne voit pas en effet comment il pourrait sortir d'affaire autrement. Plautine n'est pas en reste d'héroïsme; s'il est nécessaire, elle saura le précéder dans la mort:

Soyez sûr de ma part de l'exemple d'Arrie : J'ai la main aussi ferme et le cœur aussi grand. Et, quand il le faudra, je sais comme on s'y prend.

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