Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/514

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■•"- ÉTUDE

Le corps attend les ans, mais l'âme es! toute prête. D'un gros de cavaliers il se met à la tête, Et, l'épée à la main, anime l'escadron Qu'enorgueillit l'honneur de marcher sous son nom. Tout ce qu'a d'éclatant la majesté du père, Tout ce qu'ont de charmant les grâces de la mère, Tout brille sur ce front, dont l'amiable fierté Porte empreints et ce charme et cette majesté.

Aucune hésitation n'est possible : c'est bien du roi et du dauphin qu'il s'agit. Ce dernier, bien jeune encore, puisqu'il était né eu 1661, avait assisté, à la tête de son régiment, aux grandes revues qui préludèrent, en 1666, aux expéditions de l'année suivante K Dans sou enthousiasme sincère pour la jeunesse glorieuse du roi, le vieux poète retrouve les beaux élans du Cid. Ce nest là sans doute qu'une llatterie poétique ; mais bien rares sont les poètes qui savent donner à la flatterie cette grandeur.

Ou a vu Corneille applaudir, dans Othon, à la résolution vail- lante avec laquelle Louis XIV prenait eu main la direction des affaires et faisait succéder au gouvernement des ministres favoris le gouvernement d'un vrai monarque. Peut-être s'en souvient-il encore daus le passage où il nous montre les opprimés relevant la tête après la mort d'Aétius, le premier miuistre de Valentiuieu :

Les grands cœurs n'oseut rien sous de si grands ministres :

Leur plus haute valeur u'a d'effets que sinistres;

Leur gloire fait ombrage à ces puissants jaloux

Qui s'estimeut perdus s'ils ne les perdent tous.

Mais après leur trépas tous ces grands cœurs revivent;

Et, pour ue plus souttrir des fers qui les captivent,

Chacun reprend sa place et remplit son devoir.

Ces vers, il faut en couveuii*, eussent été plus vrais après la mort de Richelieu qu'après celle de Mazarin; mais plus d'un parmi les illustres amis de Corneille devait les comprendre et les approuver.

1. II II nous parait à peu près certain que Corneille a composé postérieure- ment à la représentation, qui avait eu lieu au mois de mars 1667, ces vers ou il fait évidemment allusion à la campagne de Flandre et aux récentes conquêtes de Louis XIV, qui prit en personne, en juin, juillet et août 1667, les villes de Tournai, de Douai, de Lille. Au siège de cette dernière place, il s'exposa tellement que Turenne menaça de se retirer s'il ne se ménageait davantage. L'impression de la pièce ne fut achevée «ue vers la fin d6 Uovembre 1667. » (M. Marty- Laveaux.)

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