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SUR ATTILA 51!»

De ces lleuves de saug où se baignait ta rage, Fais voir...

ATTILA.

Que vous perdez de mots injurieux A me faire un reproche et doux et glorieux! Ce Dieu dout vous parlez, de temps eu temps sévère, Ne s'arme pas toujours de toute sa colère; Mais quaud à sa fureur il livre l'univers, Elle a pour chaque temps des déluges divers. Jadis, de toutes parts faisant regorger l'onde, Sous un déluge o'eaux il abîma le monde ; Sa main tient en réserve un déluge de feux Pour le dernier moment de nos derniers neveux; Et mon bras, dout il fait aujourd'hui son tonnerre D'un déluge de sang couvre pour lui la terre.

C'est en lisant de tels vers que l'on comprend la fidèle admiration d'une M™" de Sévigné, et qu'on est tenté de s'écrier avec elle : « Vive notre vieux Corneille! » L'ombre, sans doute, a déjà envahi par places cette poésie, l'on sent que le couchant est proche; mais que de beaux éclairs sortent encore de cette ombre! Un peu de déclamation même ne messied pas ici : c'est le fléau de Dieu qui parle. On regrette seulement qu'il abandonne « l'ingrate Honorie »• pour revenir à Ildione, bien qu'il sente fort bien qu'ildioue le trompe et bien qu'il le lui dise. N'est-ce pas précisément la résis- tance qui devrait l'animer? Un Attila ne prend-il pas un plaisir cruel à imposer sa volonté et son amour? Du moins, il reste jus- qu'au bout le maître orgueilleux qu'il était au début :

Madame, allons au temple ; et vous, 7'ois, suivez-moi.

On s'est beaucoup égayé aux dépens de ce mot, le dernier que prononce Attila. Pourquoi ne pas l'avouer? Nous sommes de ceux qui ne trouvent déplacées chez le roi des IIuus ni la trivialité ni "■uphase.

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