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572 ÉTUDE

Cette charmante Pulchérie

Est une belle comédie

Qu'on joua pour le premier coup,

Et qui plut, ni'a-t-on dit, beaucoup.

Or point je ne m'en émerveille,

Car elle est de l'aîné Corneille,

Et c'est-à-dire de celui

De qui tout auteur d'aujourd'hui

Doit, certes, le théâtre apprendre.

S'il veut au métier se bien prendre >.

Il y revient ailleurs et il y insiste :

J'ai trouvé toutes les beautés

Que l'on en dit de tous côtés ;

Et cette belle Pulchérie,

A part, ici, la flatterie,

M'en fit même voir encor plus.

Par où je connus que Phœbus

Conserve dans le grand Corneille

La même vigueur non pareille

Et tout le beau feu qu'on lui vit

Dans son tendre et très fameux Cid 2.

Comparer Pulchérie au Cid, cette audace est d'un homme qui a le parti pris de tout admirer. Y eut-il aussi une sorte de conspira- tion des amis de Corneille pour transformer en victoire éclatante un assez froid succès d'estime ? Comment se fait-il, en tout cas, qu'au lendemain de tant de belles espérances, prématurément conçues et publiées par M™« de Sévigné , on lise ce billet de M™e de Coulanges, significatif dans sa sécheresse : « Pulchérie n'a point réussi 3 » ? C'est apparemment que M™« de Coulanges, plus impartiale, a mieux vu les choses et n'a pas intérêt à. dissimuler ce qu'elle a vu.

Tel n'est point l'avis de M. Levallois * : il croit obstinément au succès. Les comédiens n'ont-ils pas payé deux mille livres à Cor- neille sa << comédie héroïque »? Il est vrai qu'ils ont payé le même prix Attila et Tite et Bé7'énice. Mais, si nous en croyons M. Levai- lois, c'est Corneille lui-même qui est responsable de la légende accréditée au sujet de ses dernières pièces. Le poète vieilli, me-

1. Lettre du 16 novembre 167:2.

2. Lettre du 17 décembre 1672.

3. Letre du 24 février 1673.

4. Corneille inconnu.

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