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48 ÉTUDE

montré iu^éiiieusemcut ' par quel leut travail de trausforniatioD le poète faisait une belle œuvre dramatique d'un récit assez ingrat. Baroniu?, par exemple, prête à la nourrice du iils aîuc de .Maurice VintenUoii généreuse de sacritier son fils à la place de son prince; mais il ajoute que Maurice empêcha ce sacrifice de s'accomplir. Corneille supposera le sacrifice accompli, et accompli en faveur dlléraclius, qui n'était point le fils de Maurice. En reconnaissance de ce service apparent, Pliocfis confie son fils (qui n"a pas d'exis- tence historique) à Léontiue, élevée à la dignité de gouvernante. De là une nouvelle substitution possible ; de là même le drame tout entier, puisque le di'amc est dans l'incertitude de Phocas, cruellement prolongée parcelle qui seule peut la dissiper.

Au reste, après les frères Parfaict, après le chevalier de Mouhy, nous disons : La preuve sans l'éplique, c'est Corneille lui-même qui l'a donnée lorsqu'il écrit dans son Examen: « Cette tragédie a encore plus d'eîl'ort d'invention que celle de Rodogune, et je puis dire que c'est un heureux original dont il s'est fait beaucoup de belles copies sitôt qu'il a paru.» Oui, pour qui connaît la sincérité du caractère, l'ingénuité habituelle des aveux de Corneille, la cause est entendue. L'Allemand Schlegel croit, il est vrai, tout le contraire : « Le nœud principal de la tragédie a, dit-il, beaucoup de rapport avec celui d'une pièce de Calderou, et l'on ne voit rien de pareil dans l'histoire. A d'autres égards, les plans des deux poètes sont très ditTéreuts. Quoi qu'il en soit du mérite de l'invention, l'in- génieuse bizarrerie des événements est chez Calderon en har- monie avec la magie brillante des couleurs poétiques, tandis que dans Corneille la fatigue de démêler une intrigue embrouillée n'est récompensée que par une suite d'cpigrammes tragiques, qui n'oti'reut aucune jouissance à l'imagination. »

Comme si un parallèle ainsi conçu ne lui paraissait pas une critique suffisante de l'œuvre cornélienne, le bienveillant Schlegel ajoute eu note :

"Voltaire aurait pu s'épargner la peine de prouver que Cilderou n'a pas imité Corneille ; mais ce qui lui est plus difficile, c'est de démontrer que Corneille n'ait pas imité Calderon. 11 est certain

1. On peut voir la plus grande partie du travail i\o M. Viguier au tonip V de l'édition Rc^gnier. Il n'a pas mentionné un Maurice enipi'reur li'Orieiif, tragédie avec chœurs, de' Nicol. Romain. IGOG. in-\ -2, tirée de l'Histoire ecclésiastique de Niiéphoro et que Mouby donne cuinnic » tn-s rare et peu connue «. En 1713, l'abbé Silvani tira d'Héraclius un opéra, I veri amici; Venise, musiiiue de l'aulati.

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