Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/71

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loujiiif^c de sou Ovide en helle humeuv, de ccUi; p.irodii: piloyablu qui mettait Boilcau si fort eu colère. « Que doit penser Ovide? » se demandait Corneille, mais sans ironie :

De tant d'attraits nouveaux tn viens de le parer, One moins il se resseml)le et plus charnu radniirc.

Ht il le félicite, toujours le plus sérieusement du monde, d'avoir « métamorphosé » l'auteur des Métamorphoses. Coïncidence cu- rieuse : c'est dans les Métamorphoses que Corneille lui-même avait pris le sujet de sa pièce. D'Assoucy n'avait-il été pour rieu dans ce choix?

Rendons justice à Corneille : il ne prit pas avec Ovide les mêmes libertés que le poète A'Ovide en belle humeur. 11 trouvait dans le ([iiatrième et le cinquième livre des Métamorphoses et les situations et les personnages de sa tragédie : Andromède y est aimée à la fois de Phinée et de Persée, qui l'arrache au monstre et l'épouse. Seule- ment, eu prenant à Ovide les données générales. Corneille les mo- dihe avec beaucoup de tact. Ainsi, Phinée, chez le poète latin, est l'oncle d'Andromède qu'il recherche en mainage ; chez le poète français, il n'c^t plus que son cousin, et les convenances sont sau- vegardées. Persée, dans les Métamorphoses, est bien peu délicat : ne s'avise-t-il pas, avant de combattre le monstre, d'exiger une promesse de mariage en règle? Combien, dans Androinède, est plus généreux ce " chevalier errant i », qui sauve celle qu'il aime sans espoir de récompense et, loi's même qu'il l'a sauvée, ne veut pas d'un choix que dicterait la seule reconnaissance! Enfin, Ovide veut que le malheur de l'Ethiopie ait été causé, non point par la fierté maternelle de Cassiope, mais par l'orgueil qu'elle a de sa propre beauté. Corneille juge assez peu vraisemblable « qu'une femme dont la fille est en âge d'être mariée ait encore d'assez beaux restes pour s'en vanter si hautement 2 », et il n'a pas tort. Toute- fois, Ovide a trop d'esprit pour que Coru«ille se résigne à ne pas lui faire mille emprunts de détail. 11 prend donc à son modèle ses plus jolis traits, ne pouvant lui prendre ce qui manque le plus à Ovide, ce que lui, Corneille, avait sans effort lorsqu'il voulait être vi'aiment Corneille, l'élévation du génie. Andromède sera donc une

1. Ars-ument d'Andromède.

2. Ibidem.

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