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Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/127

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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

quelques instans de repos jusqu’au moment où le jour vint efin éclairer cette scène d’horreur. Un grand


    unanimement à établir que la calenture reconnaît pour cause la chaleur permanente, excessive, qui embrase l’atmosphère et se concentre dans l’intérieur des vaisseaux. Pendant la nuit, les écoutilles étant fermées, l’air ne peut être renouvelé ; il se corrompt incessamment par l’effet des émanations animales, des phénomènes de la respiration, dans un milieu que la chaleur seule de la zone torride rend délétère : le sang, déjà très-raréfié par l’influence du climat, se porte en trop grande quantité dans l’organe encéphalique, et exerce sur les nerfs cérébraux une lésion qui, aidée par l’impureté de l’air vital, donne lieu à ce délire frénétique. » (Dictionnaire des Sciences médicales)
    « Je regarde comme chose certaine que les chaleurs excessives qui règnent sous le tropique aggravèrent singulièrement notre état de démence ; j’ose même assurer qu’un événement semblable qui aurait lieu dans les mers du nord, mais qui cependant ne durerait pas plus de trois à quatre jours, n’entrainerait pas après lui une catastrophe aussi terrible que celle qui eut lieu dans le même espace de temps sur noire radeau : si le terme se prolongeait, il est certain que les résultats seraient les mêmes. Sous la zone torride, le sang, trop raréfié, se porte en trop grande quantité vers l’organe encéphalique, et exerce sur les nerfs cérébraux une lésion qui, aidée par l’impureté de l’air vital, donne peu à ce délire frénétique. On ne peut, il est vrai, se figurer combien la circulation est accélérée, lorsqu’on est exposé aux feux du soleil de l’équateur. J’éprouvais des maux de tête insupportables ; je pouvais à peine maîtriser l’impétuosité de mes mouvemens ; pour me servir d’une phrase très-connue, mon sang bouillonnait dans mes veines. Tous mes compagnons étaient atteints de la même excitation ; chacun