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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

chaloupe, au contraire, qui venait de débarquer une partie de son monde, s’avançait pour dire aux embarcations qu’elle était en état de leur en prendre, en cas qu’elles fussent trop chargées. Le canot du commandant et la pirogue furent les seuls qui s’approchèrent à portée de la voix. Le soir, à cinq heures, la mer devint houleuse et le vent très-fort. La pirogue, ne pouvant tenir contre la violence du veut, demanda du secours à la chaloupe, qui revira de bord et se chargea de quinze personnes qui montaient cette faible embarcation. Voici ce que dit à cet égard M. Brédif :

« Une heure après le débarquement des soixante-trois hommes, nous aperçûmes derrière nous quatre de nos embarcations. M. Espiau, malgré les cris de son équipage qui s’y opposait, baisse les voiles et met en travers pour les attendre. Il nous ont refusé de prendre du monde ; faisons mieux maintenant que nous sommes allégés, offrons de leur en prendre. Il leur fit en effet cette offre, lorsqu’elles furent à portée de la voix : mais au lieu d’approcher franchement, elles se tiennent à distance. La plus légère des embarcations (c’était une yole), va de l’un à l’autre pour les consulter. Cette défiance venait de ce qu’ils pensaient que, par une ruse de guerre, nous avions caché tout notre monde sous les bancs, pour nous élancer ensuite sur eux quand ils seraient assez près, et telle était cette défiance, qu’ils prirent le parti de nous fuir comme des ennemis, et de s’éloigner. Ils