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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

pays. Tout le long des côtes de la Sénégambie et jusqu’à quelque distance dans les terres, on trouve ainsi, en creusant le sable à la profondeur de cinq à six pieds, une eau blanche et saumâtre, la seule en usage dans toute cette contrée pour la boisson ordinaire et les besoins domestiques, à l’exception des eaux du Sénégal, dont on peut se pourvoir à Saint-Louis, lors de la crue ou inondation.

Les Maures ont entr’eux des signes convenus pour s’avertir, hors de la portée de la voix, lorsqu’ils ont trouvé de l’eau. Comme les sables du désert sont disposés par ondulations, et que le relief de ces plaines présente l’image d’une mer brisée en grandes ondes qui seraient tout à coup, comme par un soudain enchantement, restées suspendues avant d’avoir pu retomber, c’est sur le dos de ces flots immobiles qu’en général les Maures voyagent, à moins que la direction de ces espèces de vagues, trop écartée de la route qu’ils veulent tenir, ne force les voyageurs à les traverser. Mais d’ailleurs, comme ces arrêtes elles-mêmes ne sont pas toujours disposées d’une manière parallèle, et se croisent souvent entr’elles, les Maures ont constamment quelques-uns des leurs en avant pour servir de guides et indiquer, par divers signes de mains, à chaque croissement, de quel côté il faut prendre, comme aussi tout ce que la prudence exige que l’on connaisse d’avance, ainsi que les eaux ou plutôt l’humidité et la verdure que l’on peut apercevoir. En général, ces peuples qui se rapprochent des bords de la