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CHAPITRE VIII.

grandes demoiselles, et de quatre petits enfans en bas âge, dont un à la mamelle. Je me déshabille et me jette à la mer pour aider cette malheureuse famille ; je contribue à mettre M. Picard à terre : tout le monde est conservé. Je reviens chercher mes habits que je ne trouve plus ; j’entre dans une colère violente, et témoigne en termes énergiques l’indignité de voler en de telles circonstances. Je suis réduit à ma chemise et à mon caleçon. J’ignore si mes cris, mes accents donnèrent du remords au voleur ; mais je retrouvai mon habit et mon pantalon étendus un peu plus loin sur la table »

Les officiers réunirent leurs équipages, les rangèrent en ordre et firent route pour le Sénégal. Mais ils étaient dans l’abandon, dépourvus de toutes ressources, sans guide sur une côte peuplée de barbares. La soif et la faim les assaillaient d’une manière cruelle ; les rayons d’un soleil ardent qui se réfléchit sur ces immenses plaines de sable, aggravaient encore leurs souffrances. Le jour, accablés par une chaleur excessive, ils pouvaient à peine faire un pas ; la fraîcheur du soir et du matin pouvait seule favoriser leur pénible marche. Ayant, après des peines infinies, franchi les dunes, ils trouvèrent de vastes plaines où ils eurent le bonheur de découvrir de l’eau, après avoir fait dans le sable des trous à une certaine profondeur : ce liquide bienfaisant leur rendit l’espérance et la vie,

Cette manière de se procurer de l’eau est indiquée dans plusieurs voyages, et pratiquée dans plusieurs