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CHAPITRE X.

pièces de 20 francs, sa cravatte, son mouchoir, sa redingote, ses souliers, son gilet et quelques-autres effets qu’il portait dans ses poches. Il ne lui resta plus qu’un mauvais pantalon et une veste de chasse : ses souliers lui furent remis.

Le lendemain, au lever du soleil, les Maures firent leur salam (prière mahométane) ; puis, sur les huit heures, le prince, quatre de ses sujets, M. Kummer et un esclave partirent pour les bords de la mer, dans l’intention d’y retrouver la chaloupe échouée. Ils se dirigèrent d’abord vers le sud, puis vers l’ouest, ensuite au nord, ce qui fit croire à M. Kummer qu’on le conduisait à Maroc. Les Maures n’ont point d’autre méthode, pour se reconnaître dans leurs chemins, que de courir d’une butte à l’autre, ce qui les oblige à prendre toutes sortes de directions. Après qu’ils eurent fait cinq ou six lieues dans la dernière, ils reprirent celle de l’ouest, puis celle du sud-ouest. Ayant encore marché assez long-temps, ils arrivèrent sur le rivage, où ils trouvèrent peu de chose. Des morceaux de cuivre furent les objets qui fixèrent plus particulièrement leur attention. Ils les emportèrent, se promettant de revenir pour enlever les débris de la chaloupe et plusieurs barriques que les courans avaient poussées à la côte. Après s’être emparés de tous les objets dont ils purent se charger, ils reprirent la route de l’est, et au bout d’environ deux lieues, ils rencontrèrent d’autres Maures, sujets également du prince Muhammed. Ils s’arrêtèrent, et couchèrent sous leurs