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CHAPITRE X.

attendaient le lever du soleil pour faire ensuite leur salam, qu’ils commencent à l’instant où l’astre parait à l’horizon. M. Kummer les suivit, les imita dans toutes leurs cérémonies, et ne manqua jamais, par la suite, de faire les prières en même temps qu’eux.

La cérémonie achevée, le prince et sa suite continuèrent leur route dans la direction du sud-est, ce qui effraya de nouveau le pauvre Toubabe ; il crut que les Maures allaient reprendre la route du nord, et que définitivement on le conduirait à Maroc. Alors il fit son possible pour faire part de ses inquiétudes au prince Muhammed, qui finit par le comprendre ; mais pour plus de sûreté, M. Kummer traça sur le sable une partie de la carte d’Afrique. Cependant il entendait toujours prononcer le mot Andar, ce qui ne diminuait en rien ses alarmes ; mais par les lignes qu’il traça, il comprit bientôt que les Maures voulaient désigner l’île Saint-Louis, ce dont il fut convaincu lorsqu’il eut écrit le nom du comptoir européen à côté de celui d’Andar. Les Maures lui témoignèrent qu’il les avait compris, et firent éclater une grande joie de ce qu’un blanc pût entendre leur langage.

À midi la troupe s’arrêta sur les bords d’un marigot. M Kummer, qui était extrêmement fatigué, se coucha sur le sable, et s’endormit à l’instant. Durant son sommeil, les Maures se mirent à la recherche d’un fruit, produit d’un arbrisseau qui croît ordinairement sur les bords des marigots ; ce sont des petites grappes