Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

rouges très-rafraîchissantes[1], les Maures les recherchent beaucoup et en font un grand usage.

Pendant ce temps, le hasard voulut que M. Rogery, qui avait également été pris par les Maures, s’arrêtât dans le même lieu ; il était emmené par des naturels du pays qui le conduisaient aussi à leur souverain Zaïde. Il aperçut bientôt M. Kummer, couché le visage contre terre, et le crut mort : à cette vue, un frisson mortel parcourut tous les membres du désolé Rogery. Il déplorait vivement la perte d’un ami, d’un compagnon d’aventures ; il s’approcha en tremblant, et passa bientôt du désespoir à la joie, lorsqu’il se fut aperçu que son ami respirait encore. Il le saisit et le tint étroitement embrassé. Ces deux infortunés étaient transportés d’une joie mutuelle de rencontrer au milieu de leurs malheurs un compatriote ; ils se racontèrent réciproquement leurs aventures. M. Rogery avait tout perdu ; on lui avait pris environ quarante pièces

  1. Les fruits dont il est ici fait mention sont probablement des jujubes à leur dernier degré de maturité. L’auteur de cette note a rencontré dans les sables de la bande de Barbarie, et à l’ombre des acacias, quelques jujubiers communs ; mais outre ce fruit, les seuls de couleur rouge ou rougeâtre qu’il ait remarqués dans cette contrée, sont ceux de quelques caparidées fort acides, des icaques avant leur maturité, le tampus ou sebestenier d’Afrique, et les bois d’un prasium fort commun dans la plupart des lieux arides, et dont le calice gonflé, succulent et couleur d’orange, est bon à manger et fort recherché des naturels.