Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

faire leur portrait. Juvénal cite quelque part les mains desséchées des Maures, manus ossea Mauri. Mais outre que cela est général chez les habitans des pays chauds, cette description peut aussi s’entendre de la maigreur d’esclaves mal nourris. Nos gens remarquèrent d’ailleurs qu’il n’y a pas de différence entre la nourriture très-frugale des esclaves, qui sont tous noirs, et celle des maîtres.

Les pères et les mères, aussi-bien que les marabous (espèce de prêtres), passent leurs momens de récréation à instruire leurs enfans dans les principes de leur religion, ainsi qu’à leur apprendre à écrire sur le sable. Les femmes du roi Zaïde, dont le nombre est assez grand, obéissent passivement à Fatimme, qui est la favorite ou première femme.

Nos voyageurs évaluèrent, par aperçu, le nombre d’hommes, femmes, enfans et esclaves, à sept ou huit cents individus. Les troupeaux leur parurent très-nombreux ; c’est ce qui constitue une partie de la fortune de Zaïde, qui, en outre, en possède une grande quantité sur les différens points de son royaume, dont la surface est assez considérable : il a à peu près soixante lieues de côtes, et une profonde étendue dans l’intérieur du désert. Ces peuples, comme nous l’avons dit, se nomment Trasas, et professent la religion mahométane. Ils chassent les lions, les tigres, les léopards et tous les autres animaux féroces, qui sont en grande quantité dans cette partie de l’Afrique. Leur commerce consiste en pelleteries et en plumes d’Autruche. Ils fabriquent de