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CHAPITRE X.

plus des basanes, qui sont assez bien préparées ; ils eu font des portefeuilles auxquels ils donnent des formes différentes, mais principalement celle d’une sabretache. Ils s’habillent aussi de peaux de chèvres, et en unissent plusieurs pour leur donner plus d’ampleur : elles sont connues sous le nom de peaux de Maures, sont superbes, et garantissent parfaitement de la pluie. Leur forme se rapproche assez de l’habillement d’un capucin[1]. Ils vendent tous ces objets dans l’intérieur, mais leur principal commerce, et qui est très-étendu, consiste en sels qu’ils portent à Tombuctou et à Sego, villes grandes et très-populeuses, situées dans l’intérieur de l’Afrique et assises, la dernière sur le Niger, et l’autre non loin de ses bords. Tombuctou est à six

  1. Les Maures tannent des peaux avec les gousses desséchées de l’acacia gommifère : ainsi préparées elles passent pour impénétrables à la pluie, et on peut assurer que, pour leur souplesse autant que pour la finesse et le brillant de leur poil, elles pourraient devenir en Europe des fourrures de prix, soit d’utilité, soit d’ornement. Les plus belles de ces peaux paraissent provenir de chevreaux arrachés du ventre de leur mère avant la gestation complète. La quantité considérable de ces animaux, répandus partout à l’entour des lieux habités, permet d’en sacrifier beaucoup à cette sorte de luxe, sans dépense extraordinaire. Les manteaux à capuchon, dont il est parlé dans ce Mémoire, sont composés de plusieurs de ces peaux, rassemblées et artistement cousues avec de petites lanières, et extrêmement déliées. Ces vêtemens, destinés à garantir du froid et de la pluie, sont ordinairement noirs ; mais on en voit aussi de rougeâtres qui sont moins beaux et plus lourds ; ceux-ci sont fabriqués avec des peaux de cette espèce de brebis connues