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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

cents lieues, et Sego à cinq cents environ à l’est de l’île Gorée. Les marabous, qui sont presque tous marchands, poussent souvent leurs courses jusque dans la Haute-Égypte. Les Maures et les noirs respectent infiniment ces prêtres, qui fabriquent en peau, de petits étuits, des sachets et de petits portefeuilles auxquels ils donnent le nom de gris-gris. Au moyen de paroles magiques prononcées sur le gris-gris, et des petits billets écrits en langue arabe qu’ils y renferment, celui qui le porte sur soi est à l’abri de la morsure des animaux féroces. Ils en font pour préserver des serpens, des crocodiles, des lions, etc, et les vendent extrêmement cher. Ceux qui les possèdent y attachent un très-grand prix. Le roi, les princes ne sont pas moins


    sous le nom de moutons de Guinée, qui ont du poil au lieu de laine. Quant à l’orfèvrerie de ces peuples, elle est exécutée par des ouvriers ambulans qui sont tout-à-la-fois armuriers, taillandiers, forgerons et bijoutiers. Pourvus d’une outre munie d’un tuyau de fer et gonflée d’air, qu’ils expriment et remplissent alternativement, en la plaçant sous leur cuisse, qu’ils font mouvoir sans cesse en chantant ; assis devant un trou creusé dans le sable, et à l’ombre de quelques feuilles de dattier recroisées sur leur tête, ils exécutent sur une petite enclume, et à l’aide d’un marteau et de quelques pointes de fer, non seulement toutes les réparations nécessaires aux armes à feu, aux sabres, etc., fabriquent des couteaux ou poignards, mais font encore des bracelets, des colliers, des boucles d’oreilles en or qu’ils ont l’art de tirer en fil délié, et d’arranger pour l’ornement des femmes d’une manière où, à défaut de goût, on ne peut s’empêcher d’admirer au moins l’adresse