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CHAPITRE X.

fois des bouquets de bois qui la rendent agréable et salubre. M. Kummer pense que ces contrées seraient propres à la culture des denrées coloniales. C’est là que commence la Nigritie, et l’on peut dire le pays des bonnes gens ; car dès ce moment nos voyageurs ne manquèrent plus d’alimens, et les noirs leur donnèrent tout ce dont ils avaient besoin.

Dans le premier village qu’on nomme Vu, ils rencontrèrent une bonne femme noire, qui leur offrit du lait et du couscous ( farine de mil) ; elle fut attendrie et versa des larmes lorsqu’elle vit ces deux malheureux blancs presque nus, et surtout lorsqu’elle sut qu’ils étaient Français. Elle commença par vanter notre nation ; c’est l’usage de ces peuples, et ensuite elle leur fit une courte histoire des malheurs qu’elle avait éprouvés. Cette bonne femme avait été faite es-


    cous, manger ordinaire des noirs, c’est de la bouillie faite avec de la farine de sorgho et du lait. Pour obtenir cette farine, ils pilent le mil dans un mortier, et avec un pilon dur et lourd de bois de mahogon, qui vient aux bords de la Sénégambie. Le mahogon, ou mahogoni, qui a, selon les naturalistes, beaucoup d’affinité avec la famille des méliacées, et qui se rapproche du genre des cedrelles, se trouve dans l’Inde, ainsi que dans le golfe du Mexique, où il commence à devenir rare. À Saint-Domingue, on le regarde comme une espèce d’acajou, et on lui en donne le nom. Le mahogoni jaune de l’Inde fournit le bois de satin : il y a le mahogon fébrifuge, dont l’écorce remplace le kina. Lamarque a observé que le mahogon du Sénégal n’a que huit étamines ; les autres espèces en ont dix.