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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

le chirurgien-major, l’agent comptable, trois élèves de marine et un chirurgien en sons ordre. Après trente


    déjà planté un million de pieds de coton, et qu’en 1818 il en planterait deux millions. Ce qui ajoutait au dégoût, dans ce mensonge impudent, c’est qu’il n’était jamais question que de faire travailler des hommes libres au moment même où les captiveries de M. Potin égorgeaient d’esclaves destinés à être portés en Amérique ; et ils le furent en effet (*). Que la traite se soit faite ostensiblement au Sénégal ; il n’y a qu’un Courvoisier au monde qui ait eu l’audace de le nier à la tribune. Mais Schmaltz y a-t-il contribué ?
    Cette seconde proposition nous paraît aussi évidente que la première, quand on rassemble les preuves morales. En vain M. Mackau, homme de mer avec les hommes du monde, homme du monde avec les hommes de mer, a-t-il affirmé, dans un rapport d’une éloquence officieuse et officielle, que les captiveries étaient des chimères. Si M. le baron Mackau n’a rien vu, c’est que l’ambition a aussi son bandeau. M. Morenas, qu’on n’ose pas mettre en jugement, affirme que M. Courau était chargé de vendre les esclaves de la captiverie d’une maison de Bordeaux. Eh bien ! lecteur, ce courtier d’un commerce infâme était aide-de-camp de Schmaltz, commandant de la place de Saint-Louis, et de plus chargé de la police, et pour de bonnes raisons ! M. Morenas va plus loin que d’accuser Schmaltz d’avoir favorisé et soutenu tous ceux qui faisaient la traite ostensiblement ; tels que les Bastides et les Potins. Cet écrivain courageux affirme, aussi-bien que l’abbé Giudicelly, que le gouverneur du Sénégal excitait les Maures à attaquer les nègres, pour procurer à bas prix, au marché Saint-Louis, les esclaves dont il avait besoin (**). Il cite à ce sujet un certain F. Pelegrin, ami de Schmaltz, prêtant des
    (*) Morenas, deuxième pétition.
    (**) ldem, idem, p. 38. —