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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

se livraient au désespoir et qui soupiraient après leur patrie ; à peine pouvait-on trouver du monde pour le service du camp. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que les équipages des navires qui étaient sur la rade de Gorée, ne se ressentirent presque pas de l’influence de la mauvaise saison. Il est vrai que ces équipages étaient mieux nourris, mieux habillés, et abrités des injures de l’air ; il est d’ailleurs assez constant que cette rade est saine, tandis que les maladies du pays règnent à terre. Telle était la situation du camp de Daccard, lorsque, le 20 novembre, le gouverneur français fut autorisé par le gouverneur-général des établissemens anglais (M. Macarty) à habiter, sur la côte des ex-possessions françaises, le lieu qui lui conviendrait le mieux. M. Schmaltz choisit Saint-Louis[1].

N’étant resté ni l’un ni l’autre au camp de Daccard, nous n’avons pu rendre un compte détaillé de tous les événemens qui s’y passèrent, et pour ne parler que des choses dont nous avons une parfaite connaissance, nous avons été obligés de glisser un peu légèrement sur cette partie de notre relation.

M. Corréard, qui était resté à l’île Saint-Louis, s’empressa de rendre ses devoirs au gouverneur, lorsque celui-ci fut venu, en vertu de l’autorisation de M. Macarty, habiter cette ville. Il rapporte, à cette occasion,

  1. La remise de la colonie n’eut lieu que six mois après notre naufrage. Ce fut le 25 janvier 1817 que nous prîmes possession de nos établissemens de la côte d’Afrique.